FRANCE - Ils craignent de voir se dégrader leurs conditions de travail et le service public rendu aux usagers...
L'ouverture du capital de La Poste ne fait pas l'unanimité. Examiné ce mercredi, lors du dernier Conseil des ministres, le texte sera débattu par les parlementaires à la rentrée. La Poste doit devenir le 1er janvier 2010 une société anonyme à capitaux publics. La plupart des syndicats de postiers, craignant une privatisation à terme, s'y opposent.
Estrosi tente de rassurer, en vain
Le ministre de l’Industrie cherche donc à les rassurer. Christian Estrosi affirme que les capitaux seront 100% publics et que les missions publiques de La Poste (service universel du courrier, aménagement du territoire, accessibilité bancaire et distribution de la presse) «seront confortées par la loi et dotées d'un financement pérenne et transparent».
Mardi, plusieurs dizaines de postiers d'Ile-de-France, à l'appel de la CGT, FO et Sud-PTT, se sont rassemblés devant Bercy pour rappeler leur opposition au texte qui, selon eux, conduira à terme à la «privatisation». Ils s'inquiètent notamment d'une réduction des effectifs. Depuis 2002, déjà 50.000 emplois ont été supprimés, affirme Régis Blanchot (Sud-PTT). Le syndicaliste rappelle que La Poste a décidé, en avril, du non-remplacement de quatre postiers sur cinq quittant La Poste (au lieu d'un sur deux) au service courrier.
Le rôle social de La Poste
«Il suffit de voir ce qui se passe ailleurs. La poste hollandaise, qui est une société anonyme, a annoncé 11.500 suppressions d'emplois, après avoir imposé une baisse des salaires de 15%», ajoute Jean-François Lascoux (FO). Or, «La Poste n'est pas une entreprise comme les autres, elle a un rôle de lien social», juge Maryse Dumas (CGT).
C'est aussi l'avis du porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon. Il a attaqué ce mercredi matin le projet, qualifiant de «mensonge» l'argument de contraintes européennes. La Poste, a-t-il déclaré sur «Europe 1», ce n'est «pas n'importe quoi, c'est un des grands services publics. C'est, dans plusieurs territoires en milieu rural comme en milieu urbain, un des seuls endroits où subsiste parfois le drapeau de la République, c'est-à-dire un des grands services publics qui demeurent».
Le recours à des capitaux publics doit être inscrit dans la loi
CGT, Sud, FO et CFTC prévoient déjà «une journée nationale unitaire de grèves et de manifestations en septembre». La CGC et l'Unsa, bien que «favorables à une évolution du statut», ne soutiennent pas la réforme non plus. Ils demandent une «inscription dans la loi du caractère pérenne du recours à des capitaux publics» et une «prise en charge effective par l'Etat du financement des activités et missions de services public».