J’ai vu passer deux ou trois articles sur le sujet de la taxe de M.Rocard. Il y a quelque chose que je n’aime pas dans certaines nouvelles, c’est la façon dont les critiques sont formulées. Et je rapproche ce problème du débat qui a lieu aux USA sur la réforme du système de santé.
Ce qui me choque c’est que la critique soit totalement destructrice. La réforme est mauvaise, il faut la démolir. Or, ce qui est éventuellement mauvais, ce n’est pas la réforme, mais sa mise en œuvre, et vraisemblablement de manière marginale. Elle peut être corrigée. Ce qui me choque aussi est que dans tous les cas, les enjeux sont tels qu’il vaut mieux une réforme que pas de réforme du tout.
Je comprendrais donc que les critiques disent 1) nous sommes d’accord qu’il est inadmissible que 25% des Américains soient peu ou mal assurés, ou nous voulons que notre développement soit durable 2) nous sommes prêts à faire des sacrifices pour le bien collectif mais 3) nous ne voulons pas être les dindons de la farce. Mais je ne comprends pas que parce qu’ils sentent leurs intérêts un peu touchés, ils inventent des explications invraisemblables pour trucider le bien général.
Mais ce qui me surprend encore plus, c’est qu'on ne leur dit rien.
Cela me rappelle l’analyse faite par Marc Bloch de la défaite de 40 (L’étrange défaite) : d’un côté les généraux français étaient convaincus qu’ils ne pouvaient pas compter sur leurs troupes ; de l’autre les usines d’armement étaient en grève pour obtenir une meilleure paie. Ce qui est étonnant dans ces circonstances c’est qu’il ne se trouve personne pour expliquer à tout ce monde que ce n’est pas parce qu’il soupçonne qu’une partie de la population ne va pas faire son devoir que ça le décharge de ses responsabilités.