J’ai consacré plusieurs billets aux malheurs de la presse. Je viens de découvrir, en Angleterre, qu’au milieu d’une Bérézina généralisée, un petit nombre de titres régionaux prospèrent (True grit).
Ces journaux, et d’autres comme eux, réussissent parce qu’ils ont gardé les meilleures caractéristiques de leur passé. Ils ont de faibles coûts fixes et peu de dettes. Ils couvrent les nouvelles locales et la politique qui compte pour les gens. Ils croient en eux, ce qui, d’après certains, se traduit dans une forte satisfaction du personnel et un faible taux de démission. Et ils sont souvent dans des régions riches où les lecteurs – vacanciers et retraités – ont le temps de lire les journaux et ont peu de chances d’être attirés par Internet.
Surtout, leur propriétaires-éditeurs on la volonté de se battre.
Je note aussi, ce qui va dans mon sens, qu’ils ont gardé de vieilles machines, et des journaux en noir et blanc.
Par ailleurs, deux autres nouvelles intéressantes (The town without news) :
- Les titres qui coulent le font exactement pour les mêmes raisons qu’en France : ils étaient beaucoup trop dépendants des petites annonces.
- La presse régionale anglaise disparaît, mais le besoin en informations demeure, et Internet ne le satisfait pas. Du coup, le pays est en train de chercher des solutions de fortune à son besoin de nouvelles locales (à base de papier).
Ce que la théorie économique n’a pas prévu, c’est l’homme. Quand il est trop idiot pour exploiter l’innovation, celle-ci détruit ce qu’elle devait remplacer, sans le remplacer. C’est ce que j’ai appelé ailleurs la « destruction destructrice ».
Compléments :
- Sur mes analyse des erreurs stratégiques de le presse régionale : Mal de la PQR, La presse et son avenir (suite).
- Crise : destruction destructrice : les Anglo-saxons pensent que les crises sont un mouvement de renouvellement du tissu social (une destruction créatrice), ce qui me semble faux assez souvent. Une raison possible : Pourquoi le mauvais gagne-t-il toujours ?