Boudiou de boudiou, il ne se passe rien sur la toile. C'est le calme plat. Pas un prout de bulot pour déranger le miroir de la mer d'huile des actualités franchouillardes. Enfin, c'est ce qu'on pourrait dire en parcourant les quelques billets molassons qui traînent sur la blogosphère. Il y a bien quelques éléments de réflexion de ci ou de là, mais pour le reste, on papote gentiment du petit problème vagal (-âme) de Sarko, entretenant l'insondable nullité de la médiatisation élyséenne, des soubresauts d'un PS mort (de rire), et ... c'est à peu près tout. Pourtant ...
Il y en aurait des choses à dire.
Tenez, rien que sur Lucent et son rachat par Alcatel, fleuron du Capitalisme A La Fraônçaise ! On se souvient qu'à l'époque, ce rachat avait été présenté comme une avancée des télécoms français dans la mondialisation. Pensez donc ! Un Français qui rachète un Amerloque ! Ca avait du panache.
Pendant ce temps, au PS...
Mais bon, à 13.4 milliards d'euro la bonne affaire, le fleuron français n'avait pas intérêt à se planter. Et bien sûr, patatras. A l'époque, Russo (Patricia, la dirigeante, pas Renée, la rouquine actrice) avait claironné que la logique stratégique était incontestable. Manifestement, les actionnaires, les clients et les concurrents en ont jugé autrement.
Bilan : maintenant, le petit malin du ministère de l'Industrie ramène sa fraise pour dire que finalement, ce n'était pas une si bonne idée. Diable. Pourquoi ne l'a-t-il pas dit plus tôt ? Genre, en avril 2006, par exemple ?
Eh oui. Il est plus facile, le cul au chaud sur les gros fauteuil en cuir pleine peau du ministère de faire d'excellents jugements trois ans a posteriori, que de prendre la direction d'une entreprise et d'éviter la catastrophe au moment où celle-ci rentre dans des eaux tumultueuses.
Mais comme je le disais en intro, tout ceci passe inaperçu en France où n'importe quel pékin, fût-il "motodidacte", peut se permettre d'émettre un avis . Et puis, on ne l'entend guère, notre cher Estrosi, concernant l'amende salée que France Télécom va devoir payer pour actions anticoncurrentielles illégales. Parions qu'il nous expliquera, dans six mois, que les agissements malhonnêtes de FT étaient ... "une erreur" ?
Toujours dans le chapitre de nos élites qui nous gouvernent n'importe comment, nous pouvons aussi nous attarder sur la joyeuse brochette de pieds nickelés de la taxation.
Dans mon dernier billet, je pointais du doigt la finesse et la robustesse d'analyse du gars Michel avec sa nouvelle taxe-carbone, évidemment "indolore et temporaire", comme tout bon tampax fiscal. Il n'a pas fallu bien longtemps pour qu'une riposte se mette en place... au sein même du gouvernement : Gaston Christine Lagarde juge en effet que cette taxounette risque de faire un peu mal au portefeuille en passant. Elle pense aux ailettes aiguisées du tampon, sans doute.
Eh oui, messieurs-dame du gouvernement : vous réclamez une nouvelle taxe pour une nouvelle lubie écocologique, et comme par hasard, tout calcul fait, cela risque à la fois de se voir et de faire mal. Zut et rezut ! Même pour un foyer modeste, il va encore falloir payer l'équivalent d'une demi-redevance (vous savez, la taxe pour la télé gratuite) histoire de pouvoir utiliser de l'énergie qui n'est pas déjà taxée lourdement !
Ici, on peut se dire que des volées de baffes hydrauliques et une explication thermobarique serait peut-être nécessaires pour remettre un peu de bon sens chez les clowns qui s'efforcent de trouver de l'argent là où il n'y en a pas.
Plus on avance dans la moiteur de l'été, plus il devient évident que les Sapeurs Camember se multiplient dans les bureaux ministériels.
Normalement, là, je conclurais avec un petit Ce Pays Est Foutu, mais pour terminer, je vous propose plutôt une petite note de fraîcheur et de légèreté.
En effet, c'est en observant le puissant anticyclone médiatique qui s'est installé en France que je suis tombé sur cette petite nouvelle qui permet de nous rassurer : l'esprit primesautier n'est pas mort ! La joie facétieuse des enfants et des adolescents n'a pas disparue de ce pays ! Il n'est pas foutu, en effet, tant qu'on pourra encore trouver de joyeux abrutis puceaux qui savent puiser dans leurs esprits féconds de nouvelles façons de s'amuser !
Prenez celui-ci : il s'ennuyait ferme, le pov'chou, à 14 ans, vers minuit/une heure du matin, tous les soirs.
Alors, il a décidé, pour s'occuper, de cramer des voitures.
Bien sûr, les parents, petits êtres par nature faibles et incapables de s'occuper de toute progéniture au delà des six mois qu'il lui faut pour acquérir un tractus digestif normal, ne sont pas à blâmer : ils avaient prévenu les autorités incompétentes qui ont su déceler chez notre gentil godelureau les prémices d'un boute-en-train hors pair et l'ont dirigé vers les centres adaptés.
On espère que toute la chaîne étatique des assistant-e-s social-e-s, aides éducateurs-trices, des gens de quartiers qui s'impliquent et des citoyen-ne-s festifs-ves continueront le travail de fond qui permet à chaque adolescent de trouver sa voie, de préférence aux petites heures du matin.
Et je fais bien évidemment totalement confiance dans la justice de France qui saura trouver en elle à la fois la sanction adéquate pour ces activités festives nocturnes, et un lieu de réflexion et de réinsertion dans la vie normale, en totale adéquation avec le statut prestigieux de la Patrie Des Droits de l'Homme.
Ce Pays N'Est Pas Foutu.
Il est au-delà. Bien au-delà.