Joseph François Dupleix (3/5)

Publié le 29 juillet 2009 par Olivia1972

Dupleix est nommé Gouverneur Général des Etablissements français en Inde

En 1742 Dupleix est nommé Gouverneur Général de tous les établissements français de l’Inde.

Cette nomination n’est pas seulement due à sa réputation, elle est aussi due à sa fortune. Lisons l’analyse qu’en fait Alexis de Saint-Priest : « Cette promotion n'était pas le résultat de la faveur, mais celui de la nécessité; elle constituait un avantage réel pour la compagnie, endettée de plus de cinq millions. Pour remplir ce déficit, elle avait compté sur le dévouement et sur les richesses de Dupleix; elle avait surtout spéculé sur son amour des grandes choses. Dupleix tomba dans le piége; il répondit à l'attente de ses chefs; il paya leurs dettes, et leur envoya des cargaisons à ses frais. C'est dans ce moment qu'il reçut la bizarre défense de relever les fortifications de Pondichéry, et cela à la veille d'une guerre! Il n'écouta que son zèle. Malgré les ordres de la compagnie, il releva de ses propres deniers les murailles de la ville, et la mit en défense contre une attaque imprévue. La compagnie se montra satisfaite, elle ne parla plus d'économie; mais elle consentit au prix que le gouverneur de Pondichéry avait mis à son sacrifice. Tout en jouant contre la fortune de l'Angleterre son temps, sa réputation, sa vie, Dupleix voulut rester maître absolu de ses opérations. Les gouverneurs de Pondichéry étaient forcés de consulter le conseil supérieur de la colonie; ils ne pouvaient agir sans ses avis. Dupleix demanda et obtint d'être soustrait à ce contrôle, et de ne rendre compte de ses actes qu'aux directeurs et aux ministres ».

On voit bien que Dupleix, occupant la plus éminente fonction en Inde a les idées claires et une ambition affirmée ; il veut acquérir pour la France de vastes territoires en Inde et profiter de la confusion créée parla dissolution de l’empire moghol.

Il entre en relation avec les princes locaux et adopte un style de splendeur orientale dans son costume et son cadre de vie. Dupleix, il faut en convenir, se plaisait dans cette pompe. Souvent, revêtu du costume indien, il donnait audience du haut d'un éléphant richement caparaçonné. Un tel faste lui sera amèrement reproché et peut-être était-il excessif? Accordons cependant aux adversaires de Dupleix qu'il poussa trop loin l'application de ce système et sans doute n’était-il pas essentiel de prendre personnellement les titres de nabab, de bahadour, de kamanssoubdar, de faire frapper des médailles à sa propre effigie ou d'élever une colonne à son honneur.

On trouve, sous la plume de Serge Brelin, une confirmation de l’analyse de Saint-Priest ; « Dupleix a compris qu’en Inde, le seul moyen de s’assurer de l’amitié des Marathes de l’armée du nabab de Carnate — vaste territoire dont Pondichéry n’est qu’une toute petite enclave — est de les combler de somptueux présents et de faire grand étalage de la puissance financière et militaire du roi de France. Pour Dupleix, le commerce indien ne peut prospérer qu’en contrôlant de vastes territoires permettant à la Compagnie de se garantir suffisamment de bénéfices dans le cadre d’un marché exclusif et sans concurrence. Pour ce faire, Dupleix joue sur les rivalités internes des Mogols, soutient militairement l’accession au pouvoir de certains, assure la protection d’autres, en échange de territoires et de revenus... Ses victoires militaires, outre les honneurs et l’autorité qu’elles lui procurent, lui permettent de s’enrichir et, en mettant la main sur de formidables butins, plus vite qu’en faisant du commerce ».

L’histoire de Dupleix est aussi marquée par la jalousie amère et réciproque qui caractérise ses relations avec La Bourdonnais, Gouverneur des Mascareignes (l’île Bourbon –aujourd’hui île de la Réunion- et l’île Maurice). Cette hostilité entre les deux hommes fut dommageable à la France car La Bourdonnais fit un travail remarquable aux Mascareignes. Mais après l'expédition de Madras, extraordinaire par son audace et son succès (1746), il fut dénoncé par Dupleix auprès du gouvernement français comme traître pour avoir cédé Madras aux Anglais pour plus de un million de francs. Emprisonné à la Bastille, La Bourdonnais fut finalement reconnu innocent. Ayant perdu ses biens confisqués, il mourut dans une complète misère.

Quand la ville de Madras capitule devant les français en 1747, Dupleix s’oppose à la restitution de la cité aux britanniques, violant ainsi le traité signé par La Bourdonnais en1746.

Il envoie alors une expédition contre Fort St David (1747) qui est défaite par la nawab d’Arcot, allié aux britanniques.

En 1747, selon ses propres paroles, Dupleix est devenu "un délié politique, connaissant au parfait celle des Maures qui n'est qu'un tissu de fourberies et avec lesquels la bonne foi est inutile; avec de pareils fourbes, il faut l'être plus qu'eux". Aussi, du marchand qu'il était en 1738, Dupleix est devenu en 1747, matériellement et moralement, le plus machiavélique des Nababs. C'est l'action combinée de l'intrigue et du canon qui va lui permettre de conquérir l'Inde.

Dans la guerre qui suivit, il montra courage et talent et défendit pendant 42 jours Pondichéry contre une flotte britannique considérable et contre une armée de terre.


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