En NBA, il est coutume de voir des échanges de joueurs, en football par contre, cela est bien plus rare et cela n’arrive jamais quand il s’agit de stars. La Barça et l’Inter ont pourtant décidé finalement de s’échanger leurs meilleurs buteurs. Cet échange a fait grand bruit et force est d’admettre que les journaux vont se faire un plaisir de comparer les performances du camerounais et du suédois tout au long de l’année. Qui est donc le gagnant dans cette affaire ? L’Inter qui récupère un buteur exceptionnel ou le Barça qui s’offre un génie au caractère difficile ?
Eto’o-Ibra : c’était écrit. L’année dernière déjà, Pep Guardiola voulait se débarrasser de lui. Il réussit son coup avec Deco et Ronaldinho, mais Eto’o resta, pour le plus grand plaisir de ses coéquipiers qui prirent sa défense. Les médias attendaient tous la réaction de Samuel Eto’o, mais finalement, ce dernier n’a pas eu recours à la polémique, il n’a pensé qu’au foot sans provoquer la moindre polémique cette année et il fut l’un des grands artisans du triplé du Barça.
Cela n’empêcha pas Guardiola de vouloir encore une fois le laisser partir. Lors de sa première conférence de presser, Pep expliqua qu’il n’y avait aucun problème relationnel avec lui, que d’un point de vue sportif, tout allait bien aussi. La raison pour laquelle il voulait le voir quitter le Barça était à cause d’un manque de feeling entre les deux…La presse catalane prit fait et cause pour le natif de Santpedor, vu qu’il avait fait le triplé, on ne pouvait pas remettre en cause sa décision.
Et Pep lui, pour injecter du sang neuf dans son nouveau projet, voulait Ibrahimovic. Mais avant lui, les premières options pourtant étaient David Villa et Diego Forlan. L’uruguayen était l’objectif avoué de Txiki Beguiristain, le directeur sportif du club catalan. Deux fois Pichichi devant Eto’o, Forlan avait l’avantage de bien connaitre la Liga et de se fondre rapidement dans le collectif catalan. Mais l’Atletico ne voulait pas le lâcher à moins de 36 Millions, sa clause de départ. Le Barça fit marche arrière, mettre autant d’argent sur un joueur de 30 ans n’intéressait pas Barcelone. David Villa fut un autre objectif de choix, mais comme avec le Real, Valence se montra intraitable et Barcelone préféra rapidement se pencher sur le cas Ibrahimovic.
Zlatan, la diva absolue, celui qui avait fait taire son propre public en fin de saison, qui s’énervait à longueur de temps sur ses coéquipiers était donc le crack que voulait absolument Guardiola. Et quoi de mieux donc de faire d’une pierre deux coups, acheter Ibra puis se débarrasser dans le même temps d’Eto’o ?
Le problème Eto’o. Eto’o a senti le coup venir. Après la finale de la C1, la plupart des cadres du Barça avaient prolongé ou revu leur contrat à la hausse (Iniesta, Valdés, Puyol, Messi, Touré, Marquez..), lui par contre n’était pas approché et il lui restait un an de contrat. Samuel était près à rester pour partir gratuitement ensuite et empocher le pactole une fois libre. Et s’il devait partir dès cette année, ça ne pouvait être que dans un grand club. L’option Milan a vite disparu, le club n’ayant pas assez de liquidités et la présence de son meilleur ennemi Ronaldinho n’arrangeant rien à l’affaire. Manchester City se précipita et voulait faire de Eto’ole joueur le mieux payé du monde. Cependant, le Lion Indomptable n’acceptait pas de rejoindre une équipe encore en pleine restructuration. Puis vint Manchester United. Après la perte de Tevez, Ferguson voulait un 9 de talent. Et qu’y avait-il de mieux que Eto’o sur le marché ? Comme l’année dernière Eto’o fit monter les prix et ne se gêna pas pour demander 15 Millions de prime d’arrivée. A cela s’ajoutait les 30 millions demandé par le Barça et le salaire de Samuel. On connait la suite, Sir Alex préféra prendre gratuitement Micheal Owen.
Eto’o se vit aussi proposer un nouveau contrat de deux ans par le Barça, aux mêmes conditions que maintenant, chose qu’il n’accepta pas. Et finalement, il sut qu’il était destiné à être une monnaie d’échange avec Zlatan. Le camerounais, comme cela était prévisible, rechigna à négocier et tenta de faire monter les prix. Une forte tension s’installa vu que tous les partis était d’accord, il ne restait plus que le OK de Samuel pour que l’opération se fasse. A tant mettre la pression, Barcelone excédé avait annoncé être disposé à payer 75M pour le suédois et garder Eto’o une année de plus. Une année où il allait être sur le banc, car Guardiola avait fait part de son envie de le voir partir. Finalement, l’opération se fit pour 45 Millions d’Euros pour l’Inter, qui récupérait en plus l’africain et Hleb pour une année.
Le Barça a-t-il eu raison ? Une telle opération est difficile à cerner. Se permettre le luxe d’offrir 45 Millions, Eto’o, côté à seulement 20 Millions par son ancien club, et Hleb est une sorte de caprice difficilement compréhensible. Le camerounais a marqué lors de deux finales de C1, a marqué une centaine de buts pour son club, il a gagné trois Ligas…Vu l’échange, il semble que le Barça a bradé son joueur. C’est peu dire que Eto’ n’était plus en odeur de sainteté en Catalogne car Ibrahimovic est loin de valoir tout cet argent déboursé pour lui.
La presse catalane, par contre, a semblé ravie et n’a pas du tout remis en cause ce transfert. Cela montre bien encore une fois qu’El Mundo Deportivo et Sport ne font preuve d’aucune objectivité…En Italie par contre, Massimo Franchi, responsable de la rubrique football international dans Tuttosport, ne s’est pas gêné pour dire que le Barça s’était trompé en faisant une telle opération.
Comment est-ce possible qu’un Cristiano Ronaldo, auteur d’une assez bonne saison certes si on exclut sa finale ratée à Rome et ses pitoyables prestations avec le Portugal, et qu’un Ibrahimovic auteur de 25 buts dans le Calcio mais à la ramasse en Champions League soient respectivement évalués à 94 Millions et 66 Millions et qu’un garçon comme Eto’o, une machine de guerre ayant contribué au triplé historique du Barça, soit ainsi considéré comme une vulgaire monnaie d’échange ?
Pour en revenir à Ibrahimovic, celui-ci a le physique d’un viking et la technique d’un croate, d’aucuns le perçoivent comme un génie, un talent hors-norme, capable de faire des choses jamais vues sur un terrain de foot. Le géant suédois a en plus une extraordinaire confiance en soi, qu’on peut même considérer comme de l’arrogance (« Je suis comme Cassius Clay, quand il annonçait battre son adversaire en quatre coups. Sauf que lui l’annonçait et que moi je le fais » « J’avoue que j’aime bien humilier mes adversaires. Pour moi, le football c’est ça ») Il est difficile d’imaginer que Guardiola ait voulu lâcher Eto’o connu pour son égo énorme, pour prendre à la place un joueur introverti et imbu de lui-même. D’un point de vue footballistique, Ibrahimovic est sans doute une fuoriclasse, mais pourra t’il être aussi régulier et surtout aussi décisif qu’un Eto’o ? J’en doute grandement.
L’Inter : la C1 en ligne de mire. Généralement, l’Inter jouait toujours le rôle du loser, celui du club qui achetait n’importe quoi, qui offrait des salaires mirobolants à des joueurs surcotés ou qui se faisaient trahir par d’autres. Un club sans âme, mais avec à sa tête un président fou amoureux de son club et encouragé par un public formidable. Depuis le Moggigate, tout va pour le mieux pour ce club, qui après avoir connu Mancini, s’apprête avec Mourinho à repartir pour la conquête de la C1. C’est peu dire que l’opération Eto’o-Ibrahimovic est largement bénéficiaire pour l’Inter. Mourinho récupère son nouveau Drogba, qui est encore plus fort que la starlette de Chelsea, l’Inter récupère 45 Millions tranquillement, et il s’offre en plus un biélorusse tout maigrichon comme Hleb qui aura la lourde tâche d’apporter sa douce technique dans une équipe de brutes prête à faire trembler l’Europe.
Zlatan a donné rendez vous à ses anciens coéquipiers en finale de la Champions League. D’ici là, nous aurons le temps de voir qui a eu raison dans ce transfert à sensation.