Ci-contre, Alexander Morozevich est l’un «des joueurs les plus imprévisibles et créatifs du circuit» © Sully Balmassière
"Cette année, les tables sont disposées sur le devant de la scène, afin d’éviter les chutes. Depuis que Magnus Carlsen a basculé dans le vide, perdu dans ses pensées, téléguidé par des cuissots hésitants, le festival de Bienne admet l’étourderie comme un accident de travail, et en prévient les dangers.Début des parties et, déjà, les corps errent sans but, en une sorte de vagabondage mystique. «Ils ne marchent pas, ils pensent», souffle doctement une habituée. Procession désarticulée de l’âme humaine en lévitation, comme entrée dans des arcanes obscurs. Voit-il seulement les joueurs qu’il toise d’un air rieur, Boris Gelfand, lorsqu’il déambule entre les tables du Palais des Congrès? Ferait-il la distinction entre les mains qu’il saisit mollement, sans un regard, et la pa-patte d’un bichon maltais? «Je marche, je réfléchis, je décompresse. C’est ok», soupire-t-il..."