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Nigeria : les talibans lancent le djihad

Publié le 29 juillet 2009 par Anomalie

NIGERIA : LES TALIBANS LANCENT LE DJIHAD Après l’Afghanistan, le Pakistan, et la Somalie, c’est au tour de quatre Etats du Nord du Nigeria, Yobe, Kano, Borno et Bauchi, d’être confrontés au djihad lancé par une secte fondamentaliste se réclamant des talibans, le Boko Haram. Cette explosion de violence qui aurait déjà fait plus de 300 victimes depuis 3 jours s’inscrit dans une configuration géographique et ethnique complexe, et dans un contexte de tensions religieuses latentes entre chrétiens et musulmans d’une part, et entre musulmans et islamistes d’autre part. La ligne de démarcation ethnique entre le Nord et le Sud du pays se superpose globalement à une ligne de démarcation religieuse : le Nord du pays est majoritairement peuplé d’une ethnie de confession musulmane, les Haoussa, tandis que les Yorubas et les Ibos, chrétiens et animistes, dominent le Sud du pays. Depuis 2001, les douze Etats à majorité musulmane du Nord du pays ont promulgué la charia, mais comme dans la vallée de Swat au Pakistan, l’application de la loi islamique s’est avérée trop peu « rigoureuse » aux yeux des fanatiques islamistes, qui projettent la création d’un Emirat islamique sur le modèle afghan du mollah Omar.
NIGERIA : LES TALIBANS LANCENT LE DJIHAD De fait, les islamistes du Boko Haram partagent les mêmes caractéristiques que leurs frères d’armes talibans de Somalie (
Shabaab el Mudjahiddin) et du croissant pachtoune d’Afghanistan et du Pakistan. Très jeunes, anciens étudiants de madrasas, les djihadistes œuvrent avant tout à une réislamisation totale des mœurs et de la justice, autour d’un projet totalitaire de façonnement global de l’être humain. Le moteur de la guerre sainte y est une interdiction de toute éducation, mesure visant essentiellement les jeunes filles : le terme même de Boko Haram se traduit par « l’éducation est un péché ». Autour de cette matrice s’articulent toutes les autres facettes du projet totalitaire : interdiction du cinéma, du théâtre, de la télévision ; peine de mort, lapidation ou amputation pour les possesseurs d’appareils photographiques ou de lecteurs DVD, pour les danseurs, les musiciens ; iconoclasme (interdiction de toute représentation humaine, y compris les poupées pour les petites filles) ; réorganisation de l’éducation autour de la religion ; prohibition de toute relation sexuelle hors mariage, exclusion des femmes du marché de l’emploi, qui ne peuvent quitter la maison sans être accompagnées de leurs maris ; restrictions vestimentaires et hygiéniques (port et longueur de barbe réglementaires, rasage des aisselles et du pubis etc.). Ustaz Mohammad Yusuf, émir autoproclamé du Boko Haram, décrits sans ambages les contours de son projet : « la démocratie et l’actuel système d’éducation doivent être abolis, ou alors nous vous mettons en garde : la guerre sainte qui commence aujourd’hui risque d’être longue ».
NIGERIA : LES TALIBANS LANCENT LE DJIHAD Connu également sous son nom arabe, Al Sunna Wal Jamma (« les adeptes de l’enseignement de Mahomet »), le Boko Haram a été fondé au début de l’année 2002 à Maiduguri et s’est fait connaître en janvier 2004 en établissant un camp d’entraînement baptisé « Afghanistan » dans le village de Kanamma, au nord de l’Etat de Yobe, sur lequel flottait le drapeau des talibans afghans. Depuis, le mouvement a lancé des attaques sporadiques contre des postes de police ou des villages. Dans un entretien avec l’AFP en 2005, l’un des dirigeants du Boko Haram, Aminu Tashen-Ilimi, avait indiqué que ces attaques étaient les prémisses d’une insurrection armée généralisée visant à nettoyer la société de l’immoralité et de l’infidélité. Une rhétorique martiale qui laisse circonspects les spécialistes, le mouvement n’ayant, de l’avis général, aucunement les moyens de ses ambitions. Considéré par le pouvoir comme une secte de fanatiques, sans véritable visée politique, le Boko Haram subit les assauts répétés de l’armée et de la police qui en démantèlent régulièrement les enclaves. Le mouvement n’en demeure pas moins extrêmement dangereux, comme en témoignent les massacres de ces trois derniers jours. 

 


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