On tend souvent à penser que le féminisme est une doctrine, un militantisme ne concernant que les femmes. A ce titre, on suppose que seules les femmes peuvent l’être et que les quelques hommes qui le seraient, ne le seraient que par solidarité.
Dans sa première phase, le féminisme a été, avant tout, un combat pour faire abroger les discriminations envers les femmes comme le droit de vote, l’interdiction d’avoir son propre compte-courant.
Le féminisme, au fur et à mesure de l’avancée des études sociologiques, a pris en compte plus de champs d’action et s’est intéressé au rôle social des femmes. Il peut par exemple paraître évident que le viol conjugal est illégal ; il a fallu longtemps pour comprendre qu’un mari n’avait pas tout pouvoir sur sa femme. C’est pourquoi il n’est condamné que depuis 1992.
Dans sa dernière phase le féminisme, avec l’arrivée des gender studies, a intégré le rôle social des hommes.
Le patriarcat est un système social complexe, bien plus que ne peut l’être par exemple, un système fondé sur l’apartheid (ceci n’incluant pas que l’un est pire que l’autre).
On peut ainsi constater que chacun des deux sexes, des deux catégories de genre sont enfermés dans des rôles définis, fermés, et relativement peu poreux.
Le rôle social des hommes et des femmes est évidemment évolutif ; être un homme au 17eme siècle, fardé et perruqué, n’est pas la même chose qu’être un homme en 2009.
Pour autant, on constate toujours que la frontière entre hommes et femmes en 2009 reste fermée.
Voyons aujourd’hui la place des hommes dans le patriarcat, et la nécessité selon moi, pour les hommes, de s’attaquer maintenant à ce système social.
Une étude de Fisher Price en 2004 relève que les parents répugnent à ce que leur enfant mâle joue avec des poupées et autres jouets connotés féminins. La peur de l’homosexualité est forte ; et dans le patriarcat, qu’est ce qu’un homosexuel mâle sinon celui qui est pénétré “comme une femme” ? En témoignent d’ailleurs les différentes insultes réservés aux homosexuels “grande folle” “tata” “pédale”, qui toutes montrent le caractère supposément féminin de l’homosexuel.
S’il commence à être admis qu’une femme peut intégrer des milieux d’hommes, il n’en est pas de même pour un homme. Une femme qui quitterait son travail à 17 heures pour aller chercher ses enfants serait certes critiquée mais cela serait normal ; on lui reprocherait d’être peu productive pour son entreprise mais cela serait lié à sa condition féminine.
Un homme dans le même cas serait mal vu ; on lui reprocherait tout à trac d’être hors de son rôle ; pourvoyeur d’argent et non de soins aux enfants.
On observerait, de la même façon qu’un homme aurait d’immenses difficultés à devenir baby sitter ; quelle perversion peut le pousser à s’occuper d’enfants ? Cela n’est pas dans ses gènes que de donner un biberon ou changer une couche !
Un homme choisissant de rester au foyer pendant que sa femme travaillerait serait castré par une femme carriériste, on remettrait en cause sa virilité.
On touche là au point principal ; un homme doit être viril.
Qui n’a jamais entendu une mère dire à son enfant mâle en train de pleurer “arrête, tu n’es pas une fille !”.
J’avais un jour posé la question suivante “en tant qu’homme ou que femme, que vous impose notre société ?”
Les exemples de la part des hommes ont été nombreux
- on s’attend à ce que j’adore les films pornos.
- on attend de moi que je porte les paquets même si ma compagne est infiniment plus forte que moi.
- on attend de moi que je fasse le premier pas (mais si je le fais, ca ne va pas).
On peut évidemment également penser au viol ; un homme violé, ne peut que difficilement porter plainte. On se demandera comment il se fait qu’il n’ait pas résisté davantage. Ne l’aurait il pas un peu cherché ? Ne cacherait il pas sous ce viol son homosexualité ?
Il est important de noter que, dans la perspective d’une lutte antisexiste, on doit s’intéresser au rôle social des uns et des autres. Noter qu’une femme peut avoir une carrière et ne pas être uniquement une mère est évidemment important ; si, par ailleurs, on ne montre pas qu’un homme est aussi apte à s’éduquer des enfants, les choses n’évolueront pas. Tout au plus, les femmes auront-elles une double journée.
On peut dire que la burqa est sexiste envers les femmes en les présentant comme tentatrices ; rien ne changera si on continue par ailleurs à penser qu’un homme est soumis à sa nature de prédateur sexuel, prêt à sauter sur tout ce qui n’est pas voilé.
En clair, rien ne bougera pour personne si chaque fait social n’est pas étudié selon une double perspective et si on fait évoluer le rôle de la femme sans faire évoluer également celui de l’homme.