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Goubert Stephane
COPIE INTERDITE
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Autorisation du 03.02.2005
Le coureur d'AG2R a terminé 16e à Paris, son meilleur classement en dix participations En franchissant la ligne, sur les Champs-Elysées, le maillot jaune, Alberto Contador, lâcha le guidon, se releva sur sa selle, torse haut et bras en croix, au beau milieu du paquet des coureurs, comme pour mieux savourer sa victoire. Pour la photo, c'était parfait. Car à ce moment-là, Stéphane Goubert se trouvait juste devant lui et, pour tout dire, on ne voyait quasiment que lui.
Pour le coup, le Montpelliérain aurait bien mérité, lui aussi, de lever les bras. Mais cela n'a jamais été dans sa nature d'attirer à lui les projecteurs et ce n'est pas à 39 ans que le doyen du peloton français allait commencer. Le coureur, qui réside à Saint-Clément-la-Rivière, dans la banlieue montpelliéraine, savoura l'instant de manière beaucoup plus intime. « J'ai eu une très forte pensée pour celle que j'aime et qui me manque », souffla-t-il, plein de retenue, comme toujours.
Il aurait pu lever les bras, pourtant, car à cet instant, c'est un peu de lui qui s'en allait, alors qu'il a décidé qu'il s'agissait là de son dixième et dernier Tour. Il l'avait annoncé à Monaco et n'est pas revenu sur sa décision : « Il n'y a pas de nostalgie, assurait-il, dimanche soir. Pour l'instant, je savoure. Je suis toujours un peu dans l'euphorie. Dans quelques jours, peut-être, je réaliserai » Sur la route, le capitaine de route des AG2R-La Mondiale a encore prouvé qu'il avait toute sa place dans le peloton. Seizième à l'arrivée, son meilleur classement à Paris, juste devant Carlos Sastre, le lauréat 2008, cela situe la valeur d'ensemble d'un coureur qui n'a cessé de se bonifier avec l'âge. Individuellement, le Montpelliérain, qui court toujours après sa première victoire pro, a même raté de peu le bouquet sur l'étape de Bourg-Saint-Maurice, qu'il termine 8e. « Je n'y pense plus », affirme-t-il. Pour le coup, pourtant, avec quatre Français sur les huit partis dans le coup gagnant du jour, on peut être sûr qu'aucun d'entre eux n'aurait roulé sur lui.
« Si on pouvait aider Goubi à gagner sa première course, ce serait un grand bonheur », disait Cyril Dessel, son coéquipier, en début de saison. « S'il n'avait pas coincé, je l'aurais laissé gagner », avoua Pierrick Fedrigo, le coureur de Bouygues-Telecom, après son succès à Briançon dans le dernier Dauphiné. « Ce sont des choses qui ne se disent pas (les deux hommes étaient adversaires sur la route) mais je le dis quand même. »
Pourquoi ? Parce que Stéphane Goubert a certainement plus donné au vélo que le vélo ne lui a rendu, parce qu'il a toujours mis ses qualités au service des autres et que ceux-là auraient bien aimé un jour lui renvoyer l'appareil. Il ne se force pas, alors, quand il s'agit de retenir une image de ce Tour de France. « Le maillot jaune de Nocentini ! Mon rêve était de gagner le Tour de France par personne interposée. Là, on l'a vécu durant une semaine, ce sont des souvenirs inoubliables. »
Une mentalité qui l'a certainement desservi en termes de résultats mais qui en fait l'un des coureurs les plus appréciés du peloton. Et, bientôt, l'un des plus regrettés aussi. « C'est un coureur modèle, un équipier modèle », témoigne Richard Virenque, l'un de ses amis depuis leur passage commun chez Polti. « Ce qu'il a encore fait est impressionnant ! Maintenant, à 39 ans, le problème est plus au niveau mental que physique. » L'analyse est confirmée par Stéphane Goubert : « La vie de coureur est faite de beaucoup de sacrifices, et il y a longtemps que je n'ai pas goûté aux joies de la vie », explique-t-il. Ce sera dans quelques mois. Après une carrière exemplaire.
Jérôme BARBIER
Midi Libre
Vélo Club du Net
Interview exclusive de Stéphane Goubert ici