Après la croissance, les talents ???
Lorsque Nicolas Sarkozy assure devant les parlementaires UMP "je dois aller chercher tous les talents", pour justifier "l'ouverture", on est en droit en droit d'être inquiet au sujet de la qualité des prochaines personnalités de gauche qu'il compte débaucher vu comme sa promesse d'aller chercher la croissance reste pour l'instant lettre morte…
Et le moins que l'on puisse dire c'est le président de la République qui se dit mu par "une seule ligne politique, celle que le peuple français dans sa souveraineté a choisie", semble motivé pour poursuivre dans cette voie puisque selon lui "l'ouverture, ce n'est pas un choix, c'est un devoir". Après avoir annoncé à ses propres troupes qu'il allait encore faire de la place sous les ors ministériels à des gens qui ont fait campagne contre lui, le chef de l'État, qui décidément ne doute de rien, ose leur demander "leur confiance" pour l'aider à mener à bien la politique de "rupture" pour laquelle il a été élu : "je veux le dire à tous ceux qui doutent, je veux le dire à tous ceux qui prédisent un changement de cap devant le ralentissement de la croissance: nous poursuivrons la politique pour laquelle nous avons été élus, nous la poursuivrons sans faiblir, nous la poursuivrons jusqu'au bout". Il aurait tort de se gêner, puisque nombreux sont les cocus qui aiment ça, comme le démontre Xavier Bertrand (à moins qu'il essaie de se placer au concours de léche présidentielle…) en affirmant que "la majorité est soudée" autour de l'idée qu' "il faut continuer la logique de l'ouverture. Quand on pratique l'ouverture, c'est l'ouverture à des talents différents, ce n'est certainement pas renoncer à nos convictions". Pas sûr que le ministre du Travail sera toujours aussi enthousiasme le jour où on lui annoncera qu'il doit laisser son maroquin à un ex PS au nom de l'ouverture…
Heureusement tous dans majorité ne sont pas aussi faux jetons et osent affirmer tout haut ce que nombre de députés de base pensent sans nul doute tout bas. Ainsi, l'ultra villepiniste mais néanmoins UMP, Georges Tronc souhaite-il, outrecuidance suprême, interroger Nicolas Sarkozy sur "le principe d'ouverture c'est de se mettre d'accord sur l'essentiel, or il n'y a aucun accord entre majorité et opposition. Alors ouverture sur quoi ? Pour défendre quoi ? Pour avoir quoi ?". D'autres, comme les ultra droitiers Jacques Myard ou Josselin de Rohan, osent une pointe d'humour en conseillant au chef de l'État "de se méfier, avec l'ouverture, des courants d'air", tandis que Lionnel Luca ironise : "cette ouverture est hémiplégique et s'effectue toujours du même côté. A force on va avoir une scoliose". Même le Nouveau centre, qui s'y connaît pourtant en retournage de veste, s'inquiète par la voix de Nicolas Perruchot : "il ne faut pas que ce soit un choix qui ressemble plus à un casting qu'à une vraie compétence gouvernementale".
Mais au moment ou même deux de ses ex mentors entre 1993 et 1995, Charles Pasqua et Édouard Balladur, s'opposent plus que fermement à sa politique de lutte contre l'immigration marquée par un début de fronde sénatoriale, en partie avortée, sur les tests ADN, on peut comprendre que Nicolas Sarkozy se cherche de nouveaux amis (inféodés ???) sur sa gauche.