L'importation de certains ouvrages sera de nouveau interdite, vient d'annoncer le ministère de la Culture en Irak, exigeant que les éditeurs lui soumettent désormais les livres qu'ils souhaitent éditer afin d'obtenir l'approbation nécessaire. Une décision qui fait déjà rugir dans le pays, et rappelle le régime de censure de l'ère Saddam Hussein, estiment les critiquent.
Point du tout, rétorque le gouvernement, attendu que les règles définissant l'accord ou le refus de validation des titres remontent à une période antérieure à celle du dictateur, précise le ministre Taher al-Humoud. De plus, les critères définis semblent assez censés : en effet seront bannis tous les livres glorifiant la violence, le djihad et le martyr, généralement importés des pays voisins.
« Tous les livres sont autorisés, exceptés ceux qui incitent à des rancunes sectaires », ajoute le ministre. Et d'énumérer divers opus jetant des fatwas contre les uns ou les autres, ou encore incitant à la violence contre des minorités ou des groupes d'appartenance religieuse tiers.
Pourtant, la Society to Defend the Freedom of the Press y voit un retour à un régime totalitaire, et souligne que cette mesure met un terme à la liberté d'expression et de pensée acquise après le 9 avril 2003, date à laquelle les Américains ont pris Bagdad.
Durant le régime de Saddam, la censure s'exerçait d'une toute autre manière : il fallait valoriser les alliés et diaboliser les ennemis, tels que les États-Unis ou l'Iran. Finalement, seul le gouvernement avait le droit de cité dans les livres. Dans l'actuelle constitution, établie en 2005, les seuls livres qui sont censurables sont ceux qui portent atteinte à l'ordre public ou aux bonnes moeurs.
Aucun ouvrage n'a cependant été refusé depuis des mois, mais l'on souligne un cas qui, voilà un an et demi, a contraint le ministre à appliquer la loi. Il s'agit de L'Amant, de Duras...
Un coup dur cependant pour le pays, qui commençait à revivre culturellement depuis que les violences ont cessé dans le pays, après six années de conflit. Des théâtres se sont rouverts, permettant à des chanteurs d'avoir un public. Cependant, depuis 2003, plus de 100 journalistes ont été tués, et l'on assiste plus souvent à des actes d'autocensure qu'à une censure exercée par le gouvernement.