J’écris cela en juillet
profitant du silence pour chercher à tâtons
mes mots quand la ville comme évacuée
est partie bavarder sous d’autres cieux
chaque jour est comme un dimanche
à peine entend-on une rumeur de sang
dans les artères à la périphérie
là où des autoroutes vont vers la mer
J’écris reclus dans une chambre aux volets clos
pour éviter le soleil qui donne en plein
sur la fenêtre ou peut-être pour mieux surprendre
l’éveil des mots dans la pénombre
dont je rêve qu’ils vont surgir
comme apparaissaient les chauve-souris à Menton
vaguant à la tombée de la nuit entre les pins
nous regardions du balcon leur
ballet
fièvre muette plus difficile à
suivre
que la progression de lacet en
lacet
des phares des voitures qui
descendaient
à flanc de montagne vers la côte
Longtemps j’ai cherché mon salut dans la fuite
dans un chant général
et ce ne fut pas très concluant
je chantais faux je crois
dans les défilés ouvriers
plaçant ma voix trop haut
désormais je parle en mon nom sans plus
ne cherche plus l’abri d’un chœur où me fondre
je dis je comme tout un chacun
m’expose un peu plus à l’écrire
quoique hésitant beaucoup
à exhiber aux yeux de tous
ce faux frère aux humeurs nuageuses
mécontent des faux jours que font
mes vers trop élégiaques
(il faudra que je passe à la prose)
où on le voit qui revient amoché du ciel
éboulé des illusions
quand il n’a plus à replier en catastrophe
le grand spi de son moi imprudemment gonflé
Jean-Claude Pinson, Laïus au bord de
l’eau, Champ Vallon, 1993, p. 45 et 59.
Contribution de Tristan Hordé
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