Le Centre d'art de Meymac est un lieu que j'aime.
Tout d'abord, il se trouve en Corrèze, région sauvage qui s'enfonce dans les profondeurs du Massif-Central. Ce sont des paysages un peu obscurs et mystérieux, faits de forêts, de vallonnements et de ruisseaux.
Le Centre d'art lui-même est logé dans les murs d'une ancienne abbaye, un grand bâtiment austère au milieu d'un village dont le charme ancien s'est maintenu jusqu'à nous.
Quand je me rends là-bas, je me sens en vacances, loin de l'ambiance fashion des vernissages parisiens, loin des obligations d'apparences et de bavardages. Moi qui suis la première à céder à ces obligations, je trouve un très grand plaisir à me sentir aspirer par le grand silence des lieux.
Et, sans doute parce que la magie des oeuvres ressort mieux lorsqu'elle est coupée du bla-bla coutumier, l'art contemporain m'y procure plus de plaisir qu'à l'ordinaire.
Bien au contraire.
Cet été, le Centre fête ses 30 ans d'activité par une exposition rétrospective.
La plupart des artistes qui, depuis 1979, se sont succédés dans le Centre à l'initiative de Caroline Bissière et de Jean-Paul Blanchet (qui dirigent le Centre depuis ses débuts), sont représentés ici par des oeuvres dénichées un peu partout, dans des collections publiques et privées, ou dans les ateliers des artistes eux-mêmes.
C'est très impressionnant.
Car parmi tous ceux qui sont rassemblés là, il se trouve beaucoup de très grands noms, des artistes dont on reconnaît désormais qu'ils ont contribué à écrire l'histoire de l'art: des artistes du groupe Support(s)-Surface(s) — Daniel Dezeuze, Claude Viallat, Christian Jaccard —, des peintres allemands — Jorg Immendorff, Markus Lüpertz, A.R. Penck —, et, d'ailleurs, beaucoup de peintres — Philippe Cognée, Gérard Garouste, Peter Klasen —, des conceptuels — John M. Armleder —, des stars — Giuseppe Penone, Miquel Barcelò, Julian Opie —; il y a des indispensables — Christian Boltanski, Claude Lévêque, Carsten Höller —, des historiques — Jean Degottex, Pierre Soulages, Gérard Gasiorowski. Il y a ceux auxquels le Centre d'art a toujours apporté un soutien sans faille: Henri et Marinette Cueco, Claude Roucard. Il y a des photographes — Patrick Faigenbaum, Valérie Jouve. Il y a des plus jeunes — Benoît Broisat, Olivier Masmonteil. Il y a ceux que le marché français affectionne — Gilles Barbier, Didier Marcel, Bruno Peinado. Il y a Sophie Calle et Annette Messager.
(Les 3 vues d'exposition:
crédits photographiques: Marc Domage;
copyright: Abbaye Saint André, Centre d'art contemporain).