Magazine Culture
Jack White, jamais à court d'idées ni d'activités, s'acoquine avec la sulfureuse Alison Mosshart, chanteuse des Kills, ainsi qu'avec un QOTSA et un Raconteurs, pour les besoins de cet album dont le premier mérite est de se démarquer de leurs groupes respectifs.
En effet, ce disque aride et plutôt novateur, s'il reprend brièvement, en certaines occasions les climats à la Kills ou White Stripes, n'en garde surtout qua le côté "près de l'os" qui caractérisent leurs sorties respectives.
Partant d'une trame blues, The Dead Weather malmènent celui-ci, parfois à la manière méchamment funky d'un Jon Spencer (Treat me like your mother, Cut like a buffalo), soit dans cette même veine mais avec la verve d'un Rage Against The Machine (Treat me like your mother, encore), par le biais des choeurs quasi rappés de Jack White et d'une accélération rythmique dotée d'un court solo à la Tom Morello.
Sur "Hang you out from the heaven", des scories du génial "Midnight boom" des Kills s'offrent à l'auditeur, tandis que des morceaux comme "So feet tall" ou "So far from your weapon" exhalent des ambiances bluesy du meilleur effet, tourmentée pour le premier, plus apaisée pour le second.
Cette première partie d'album est donc une réussite, que vient confirmer la suite.
Dès "Rocking horse", ce blues malsain, tout en retenue, qu'on sent sur le point d'imploser, fait à nouveau son oeuvre et s'embarque dans une envolée électrifiée remarquables, mise en valeur par un gimmick de basse plus qu'efficace et le chant d'Alison, aussi félin que vindicatif ou encanaillé.
Un morceau massif, l'excellent "New pony", fait ensuite son apparition et impose un riff maousse et des saccades rythmiques d'un apport certain, auxquelles se joignent des guitares triturées et complètement jouissives. Puis c'est le trépidant "Bone house", doté comme nombre de ses prédécesseurs de guitares divines, dont l'association avec l'organe vocal de la donzelle des Killls suffit à rendre la chanson captivante (sans oublier, c'est à souligner, l'oeuvre d'une rythmique implacable) qui poursuit le festival sonore et stylistique. The Dead Weather, s'il évoque tantôt certaines références, semble créer ici un style qui lui est propre et qui, de plus, génère un résultat brillant J'en veux pour preuve "3 birds", instrumental intriguant aussi spatial qu'agité, qui démontre de façon définitive l'originalité du groupe et son ingéniosité.
Passé ces neuf titres probants, il nous reste alors deux morceaux à nous mettre sous la dent et là encore, The Dead Weather frape fort avec "No hassle night", titre bluesy doté d'un break aussi court que marquant et de vagues électrifiées significatives, puis un "Will there be enough water?" posé et porteur d'une grande classe, d'une sobriété exemplaire. Une fin plutôt tanquille donc, magnifiée par la guitare acoustique du sieur White, qui clôt superbement un opus dont le contenu appelle forcément une suite et trouvera une place de choix au moment de dresser le bilan 2009 et d'instaurer les classements liés à nos préférences discographiques.
En bref: un side-project concluant, une fois n'est pas coutume, et un album amené à faire date, de par son contenu et son côté novateur tout en restant parfaitement cohérent.
Le Myspace "fans"
The Dead Weather - Treat Me Like Your Mother