La chasse aux truqueurs est-elle enfin ouverte ?

Un petit article du journal Midi Olympique nous apprend que l'ERC a suspendu l'ailier Anglais Tom Williams pour un an, dont six mois avec sursis. La faute du joueur des Harlequins ? Avoir simulé une blessure avec saignement lors d'un quart de finale de H Cup.

Manque de chance pour lui, les caméras avaient saisi son clin d'oeil au coéquipier qui l'avait remplacé, coéquipier buteur de l'équipe, précédemment sorti et dont la blessure sur saignement de Williams avait permis le retour sur le terrain. Il faut dire qu'à quelques minutes du terme, avec un point seulement de retard, les Harlequins avaient besoin de leur cannonier...

On ne peut que se réjouir de cette décision, qui sonne comme un avertissement à tous ceux qui abusent d'artifices pour profiter du règlement. On peut effectivement remplacer un joueur victime d'un saignement par un coéquipier déjà sorti.

Pour autant, on aimerait que cette sévérité trouve à s'appliquer sur l'ensemble des terrains européens, et ce de manière systématique. On se souvient ainsi que le retour de Julien Dupuy sur la pelouse, lors de la demi-finale de cette même HCup entre Leicester et Cardiff, fut le résultat d'un saignement douteux de son coéquipier Hipkiss, juste avant une séance de tirs aux buts.

Pas sûr que la décision de la commission de discipline de l'ERC ne soit pas infléchie en appel. Car il est difficile de prouver, après coup, la simulation de saignement. Mais il faut espérer que cette sanction ne reste pas unique en son genre.

Le rugby s'enorgueillit, à juste titre, d'être un sport où l'on préserve encore certaines valeurs. Il n'est pas acceptable que les entraîneurs ou les joueurs se livrent à de telles manigances, pour permettre à leur équipe de tirer un avantage sur son adversaire. Où est le combat à la loyale lorsque vous pouvez, presqu'à votre guise, remplacer un pilier en difficulté par un autre ou un trois-quart par un buteur ?

Pour sanctionner ce type de comportement, il conviendrait de punir les coaches et pas seulement les joueurs, comme cela a été le cas dans l'affaire Williams.

Et il faut qu'au niveau national, les fédérations embrayent sur la même voie. On sait qu'en France, le faux saignement permet utilement de provoquer des mêlées simulées, même si la règle des "23" a eu pour effet de diminuer un peu les tricheries.

Attendons donc de voir si la décision de l'ERC sera suivie, ou s'il ne s'agissait que d'un coup de sang sans lendemain...