Tipperary- Frank Delaney
Michel Lafon - 432 pages.
La fièvre qui bouillonnait dans mon pays me paraissait être l'écho de celle qui régnait dans mon coeur", écrit Charles O'Brien au lendemain de sa rencontre avec la jeune April. Pour la
conquérir, ce célibataire endurci est prêt à tout. Il abandonne ses activités de guérisseur et décide d'aider la belle indifférente à récupérer son héritage : le château qui domine
Tipperary. Il y consacre son temps, son énergie et son argent, sans jamais faillir à la mission qu'il s'est imposée lorsqu'il avait dix ans : transcrire l'histoire de son Irlance tant aimée.
C'est ainsi qu'il rencontre les plus grandes figures de son temps, Joyce, Yeats ou Griffith, le fondateur du Sinn Féin.
Alors que les premières secousses de la guerre civile ébranlent son île natale, sa passion pour April, son amour pour sa terre et sa lutte pour son peuple se confondent et se mêlent durant les
heures tourmentées des prémices de l'indépendance irlandaise.
Tipperary alterne le récit du journal de Charles O'Brian, guérisseur itinérant, et les commentaires de l'historien découvreur du-dit
journal.
Dans ce roman, l'histoire de Charles O'Brian et celle de l'Irlande sont étroitement mêlées. Il est un témoin de l'Histoire de son pays,
l'Irlande, et nous fait partager la vie de ses habitants, la culture irlandaise. "Il tentait d'établir un parallèle entre les évènements personnels de sa vie et les
bouleversements politiques de son époque" (page 22).
Il peint "un tableau de la vie d'une respectable famille rurale irlandaise du XIXè siècle" (page 27).
Il explique l'amour des irlandais pour leur terre.
"Ma famille possédait déjà cette ferme avant l'arrivée de saint Patrick. Je tuerais ou mourrais plutôt que de la céder. Si je n'avais pas la terre, qu'aurais-je ? Rien. Voilà ce que
j'aurais." (page 115).
Il témoigne des horreurs de l'Insurrection de Pâques, qui fût "une semaine sanglante". "Le vendredi, les renforts britanniques avaient commencé à tirer à vue sur tout le monde,
hommes, femmes et enfants." (page 288).
"Parfois, quand des moments historiques surviennent, nous n'en sommes pas nécessairement conscients. Mais ce matin-là, au bord de la Fiffey, en voyant ces soldats quitter mon pays natal, je
savais à quoi j'assistais. Huit siècles de domination et d'oppression, souvent injuste et brutale, venaient de prendre fin pour la plus grande partie de l'Irlande." (page 383).
D'abord surprise par la trame du récit, je me suis ensuite laissé transporter dans l'Irlande du début du XXème siècle, pour y découvrir le mode de vie de ses habitants, ainsi que les tumultes qui
l'ont frappé.
Tipperary est ma première lecture de Frank Delaney, et je me laisserai bien tenter à présent par une autre de ses oeuvres,
Irlande, si je parviens à la dégoter...
Je remercie Louise Leguay et
de
m'avoir permis de découvrir Tipperary de Frank Delaney, qui a été une très belle découverte tant pour le roman que pour son auteur.
Et pour finir, une dernière citation tirée du roman : ..."nous ne sommes pas obligés d'être ce que nous avons toujours été, ou cru être. La vie peut devenir resplendissante pour peu qu'on le
souhaite." (page 431).
Bonne lecture !