Me voilà à mon tour tagué par Satine sur le thème « autour d’un livre », il me suffit pour cela de répondre aux questions… Facile et
pas trop déstabilisant, pour une fois. Je remercie ma poétesse préférée et je m’y colle immédiatement.
Plutôt corne ou marque-page ?
Dans l’absolu, brûle-pourpoint, je dirais « marque-page ». L’objet-livre est trop important à mes yeux pour qu’on puisse le corner. Pourtant, pourtant, il m’est arrivé de le faire, et même (en fac) – et là, j’a un tout petit peu honte – d’annoter des passages, de couvrir les marges de petits mots en couleurs. Pourquoi, alors que j’ai toujours tant estimé le livre ? Eh bien, parce que c’est une façon peut-être critiquable mais compréhensible de s’approprier l’œuvre dans sa globalité, d’interagir avec l’auteur, le thème et les personnages. J’avais étudié des reproductions de manuscrits d’auteurs classiques et j’avais été impressionné par leur propension à raturer, réécrire, ajouter, amender, déplacer des mots, des phrases entières, comme si la feuille de papier était trop précieuse pour qu’on se permette de laisser du blanc inutilisé… Mon exemplaire du Prince de Machiavel est, à ce titre, bien « tagué ». C’est assez émouvant de relire ce que je pensais à l’époque, les piètres efforts d’analyse et d’interprétation, les commentaires à chaud. Et puis, un livre, c’est personnel, je comprends qu’on ait l’intention de le « marquer » (par des initiales, une phrase en exergue, une dédicace) : cela lui confère une valeur patente, parce qu’il porte les stigmates non seulement du temps, mais des mains qui l’ont touché, manipulé, aimé. Comme pour les cartes postales (je conserve toutes les cartes qu’on m’a écrites), les volumes annotés que j’ai pu récupérer sont précieux à mes yeux : j’en suis désormais le dépositaire, héritier d’une impulsion, d’une envie, d’un achat compulsif, d’un don désintéressé mais surtout d’une soif de lecture. Le livre n’est pas plus mauvais parce qu’on n’est pas son premier lecteur : une corne n’entamera jamais le plaisir de lire. Pas le mien en tous cas.
Mais, comme je vous l’ai dit, j’ai arrêté.
As-tu déjà reçu un livre en cadeau ?
Souvent. Pas tous lus, mais un livre offert, pour les raisons soulevées ci-dessus, a une aura particulière dans ma bibliothèque : parfois, le soir, c’est un peu comme s’il luisait de cette affection qui a entraîné le cadeau.
Lis-tu dans ton bain ?
Jamais. Ca me tenterait, cela dit : l’ambiance s’y prêterait. Mais l’humidité et les risques inhérents à ce lieu m’en ont dissuadé.
As-tu déjà pensé à écrire un livre ?
Des centaines de fois. J’ai un cahier dont quelques pages sont couvertes d’autant d’ébauches de romans ou de nouvelles, et séparées de feuillets épars portant les traces
du début d’une idée… Mon disque dur renferme un répertoire secret recelant quelques textes dont je suis plus ou moins satisfait. Velléité, velléité…
Que penses-tu des séries en plusieurs tomes ?
Pourquoi pas ? Parfois, un univers créé pour un roman est tellement riche qu’il serait dommage de ne pas en profiter. Mais quel intérêt si c’est uniquement pour animer des personnages et peupler des décors ? Je ne suis pas fan des planetary romances à la Ténébreuse (Marion Zimmer Bradley) où les bonnes histoires côtoient les tomes ineptes et le remplissage opportuniste. Néanmoins, quel plaisir ineffable que de goûter à nouveau aux joies des aventures dans la planète à étages de Wolff (la Saga des Hommes-dieux de Farmer) ou de l’exploration du Monde du Fleuve (du même Farmer) ! La dernière page d’un bon roman est comme une porte qui se ferme sur un monde et on n‘a qu’une hâte : y retourner.
En revanche, les séries centrées sur un personnage lassent assez vite : l’avantage du cycle de Fondation par exemple est que les êtres passent, l’univers reste. C’est toutefois émouvant de retrouver la mention d’un personnage du passé dans les tomes qui suivent, comme quand Daneel Olivaw évoque avec tendresse le souvenir de son compagnon humain, le détective Elijah Bailey.
As-tu un livre culte ?
Est-ce que je brûle un cierge devant un ouvrage posé sur un lutrin entouré d’offrandes ? Non (mais Cultiste le fait peut-être devant le Necronomicon !).
Certains livres ont marqué ma vie, comme Jean Maridor, chasseur de V1(mon premier vrai roman), les Cavernes d’Acier (mon premier Asimov), la Race fabuleuse (mon premier livre sur l’Histoire occulte), Cosmos de Carl Sagan (on premier grand livre d’astronomie), la Mort de Captain Marvel (l’album de comics qui m’a le plus marqué) ou Hypérion. Ils ont un peu balisé mon existence et guidé mes choix.
Aimes-tu relire ?
Oui. Généralement en entier (alors qu’il m’arrive de revisionner une séquence de film). Souvent dans le cas des sagas, lorsque le dernier volume paraît, je m’empresse de relire les précédents avec un plaisir sans cesse grandissant. Et puis, aussi, sous le coup d’une impulsion. J’ai dû relire les Robots une trentaine de fois (facile, ce sont des nouvelles assez courtes) : je ne m’en lasse pas. Les Nouvelles Histoires extraordinaires de Poe, Elric le Nécromancien de Moorcock, Cosmos privé de Farmer, Seigneur de lumière de Zelazny, 2001, l’Odyssée de l’espace de Clarke, Hypérion de Simmons, Des fleurs pour Algernon de Keyes, la Guerre des boutons de Pergaud, presque tous les Asimov ont été relus plusieurs fois. Et sans compter les premiers Thorgal (notamment l’arc du Pays Qâ), Crisis on infinite Earths, Battle Chasers, les X-Men de Byrne & Claremont, etc.
Rencontrer ou pas les auteurs d’un livre que l’on a aimé ?
Oui, ça m’est arrivé,
j’ai notamment une dédicace de Jean Markale pour son Encyclopédie du Graal. Personnage antipathique et désagréable, persuadé de détenir la vérité : pas un bon souvenir. Pierre Stolze, en revanche, beaucoup plus cool, souriant et
affable, a pris de son temps pour me dédicacer un livre pour un ami.
Comment choisis-tu un livre ?
L’auteur, d’abord. J’ai longtemps été complétiste. Deux fois par an, je vais dans les rayons nouveautés et je fouille, cherchant une accroche en 4e de couverture : souvent d’excellentes surprises. Et puis un article de blog peut me pousser à franchir le pas.
Une lecture inavouable ?
J’ai lu tous les Fantômette. J’ai arrêté. C’est grave ?
Des endroits préférés pour lire ?
Dans mon lit, tous les
soirs avant de m’endormir. Ca fait juste un peu mal à la nuque. Un bon fauteuil aussi.
Lire et manger ?
Non. Incompatible.
Livres empruntés ou achetés ?
Il faut que je possède le livre. J’ai vite abandonné la bibliothèque de quartier, bien qu’elle m’ait fait découvrir tant de merveilles ! Mais on me prête beaucoup, heureusement pour mon porte-monnaie !
As-tu déjà abandonné la lecture d’un livre ?
Figurez-vous que, sur
le Seigneur des Anneaux, j’ai eu beaucoup de mal dans les Deux Tours : c’était lent, déséquilibré et parfois même laborieux. Mais je me suis accroché. Je n’ai pas le
souvenir d’un abandon. C’est un principe.
Tu tagues qui ?
les Illuminati (pas de jaloux !)
Cachou
Cultiste
Pourquoi ?
Parce que ce sont des lecteurs qui aiment le cinéma. Ou des cinéphiles qui aiment lire. Ou surtout parce que leur univers m’interpelle. Ou encore parce qu’ils m’y ont obligé.