Villepin se place pour 2012

Publié le 27 juillet 2009 par Anakyne
Par B.B
leJDD.fr

Dans un entretien publié dimanche dans Le Parisien, Dominique de Villepin dresse un bilan plus que mitigé de la politique de réformes de Nicolas Sarkozy. L'ancien Premier ministre plaide pour davantage de justice sociale, pour "une meilleure répartition des rôles" au sein de l'exécutif, et critique l'emprunt d'Etat. Mais refuse toujours de se déclarer pour la présidentielle de 2012.


Dominique de Villepin est toujours aussi critique à l'égard de la politique de Nicolas Sarkozy. (Reuters)  Et si c'était lui le principal opposant à Nicolas Sarkozy? Chiraquien pur jus, Dominique de Villepin n'apprécie guère le chef de l'Etat, et n'a de cesse de critiquer sa politique depuis son entrée en fonction à l'Elysée. Dimanche, l'ancien Premier ministre en a remis une couche dans un entretien accordé au Parisien-Aujourd'hui en France. S'il ne prononce jamais le nom de Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin cache mal son ambition: décrédibiliser l'action du président pour se présenter comme une alternative à droite lors de la prochaine élection présidentielle de 2012. Un sujet qu'il évite soigneusement d'aborder.

Pourtant, à l'écouter, le chef de l'Etat conduit la France au désastre. Interrogé sur la politique de réformes tous azimuts lancée depuis plus de deux ans maintenant, Villepin se montre circonspect: "C'est le problème de la bouteille à moitié pleine et à moitié vide", commence-t-il, avant de reconnaître qu'il convient de "saluer un certain nombre d'initiatives", comme la fusion de l'ANPE-Unedic ou le RSA. Mais pour lui, "les résultats ne sont pas au rendez-vous" et "il n'y a un décalage manifeste entre un affichage d'hyper-réforme et la réalité des choses vécue par les Français."

Il attend le procès Clearstream "avec impatience"

Prenant appui sur la radicalisation des conflits sociaux, Dominique de Villepin affirme que la France vit dans "l'exaspération, la colère, et rien ne sert de le nier". Dès lors, "l'homme du discours à l'ONU" avance ses propres pistes de réflexion pour sortir la France de l'ornière, et n'hésite pas à emprunter une thématique jusqu'ici "réservée" au Parti socialiste: "Je ne cesse de poser une exigence de justice sociale. Je plaide pour des réponses fortes, comme le gel du bouclier fiscal ou une contribution plus importante de la tranche la plus élevée de l'impôt sur le revenu." Et quand le journaliste lui rappelle que Nicolas Sarkozy a agi contre la crise, Villepin tempère le propos car "l'action au jour le jour ne suffit pas. Il faut s'inscrire collectivement dans la durée. Pour cela, chacun doit être à sa place dans une juste répartition des rôles entre le président, le gouvernement et le parlement." Une critique à peine voilée de l'hyper présidentialisation du régime.

La question du grand emprunt lancé par le président ne trouve pas davantage grâce à ses yeux. S'il reconnait que "les nominations de Michel Rocard et d'Alain Juppé sont un gage de sérieux", l'ancien ministre des Affaires étrangères doute fortement de l'utilité d'une telle mesure: "Le grand emprunt n'est pas un remède miracle! Cela peut même être un piège", estime-t-il, expliquant que cela peut être "un mauvais message" envoyé à ceux qui tiennent "les cordons de la bourse": "On dit qu'il y a de l'argent sur la table, autrement dit, dépensez! C'est comme mettre une bouteille d'alcool sur la table d'un alcoolique", image-t-il.

S'il refuse de s'étendre sur une éventuelle candidature aux régionales de 2010 -"Je me prononcerai le moment venu", élude-t-il-, Dominique de Villepin revient avec gourmandise sur un sujet qui lui tient à coeur, le procès Clearstream: "J'attends cette échéance avec impatience. J'attends que la justice aille jusqu'au bout et que l'on sorte des rumeurs et des mensonges." Clearstream, sorte de duel anticipé entre lui et Nicolas Sarkozy, très impliqué sur le sujet. Avant, peut-être, la grande explication en 2012.