A l'approche de la rentrée, la confusion grandit autour de la réalité du danger que peut représenter la grippe A. La période actuelle est traversée par deux courants forts : les chiffres ne sont plus justes et les mots perdent leur sens habituel. Il est reproché aux citoyens de ne plus s'intéresser aux "débats d'idées" mais comment serait-ce possible quand : - "la vérité scientifique" ne peut tracer son chemin clair sur un sujet aussi important que la grippe A. Les déclarations de Roselyne Bachelot ajoutent en permanence à la confusion sur un supet pourtant majeur, - la réputation de l'INSEE n'est plus la caution d'aucun chiffre fiable en matière de déficits, de chômage, de dette, - la crédibilité de la police ne garantit même plus un écart faible dans le comptage de manifestants puisque les chiffres varient désormais de 1 à plus de ... 3. Dans de telles circonstances, sans chiffre incontestable, comment faire vivre un débat sérieux ? Ce d'autant plus qu'aux chiffres fluctuants s'ajoutent désormais des mots sans signification. Quand le pôle emploi passe au privé le traitement d'un nombre élevé de chômeurs, hier cette évolution aurait été qualifiée de "privatisation" puisque le secteur public était dessaisi d'une mission pour que celle-ci soit confiée au privé. Aujourd'hui, il n'est plus question de "privatisation" mais de "complémentarité performante" ... L'opinion s'écarte alors des débats sans chiffre fiable ni mot compréhensible et se consacre aux photos. Là au moins l'oeil retrouve ses repères. A moins de bientôt apprendre que les photos ont été "corrigées" avant publication ... Le débat sur le véritable danger que constitue la grippe A devient caricatural d'une ambiance généralisée où les chiffres et les mots ont perdu beaucoup de leurs significations. NB : pour examiner le détail des batailles modernes de positionnement, nous venons de publier un guide pratique sur la campagne 2008 de Barack Obama. Ce guide permet d'identifier les points techniques qui nous semblent les plus novateurs et qui ont vocation à faire l'objet d'arbitrages dans les actuelles campagnes de communication.