Je sais, le gros plan est flou, mais on reconnaît bien les bouilles de mes mandarins. Mon numérique
pas cher ne vaut pas un clou. Et puis je n'ai utilisé le flash que 2 fois, ne voulant pas les effrayer, les aveugler, je l'ai fait en leur montrant avant, de loin, mais il s'agissait de ne
pas les déranger! J'ai donc photographié à 50 cm puis fait un gros plan.
Pourquoi parler d'oiseaux en rapport avec la sclérose en plaques? Eh bien, dans le cadre de mon
groupe SEP, au tout début de mon arrivée, j'ai eu l'occasion de faire un exposé sur mes trucs de bien-être. Et il se trouve que je les ai tous
piqués à... mes oiseaux!!! Eh oui! Les animaux suivent leur instinct, que nous avons beaucoup perdu, ce qui nous fait nous comporter de façon aberrante et nuisible pour nous parfois. Je
m'explique.
En tant que prof, quand j'étais en congés (ce qui concordait souvent avec une poussée: malade pendant les vacances, parfois à l'hosto, ma spécialité pfff!), allongée, j'observais mes
piafs.
Ils avaient un rythme de vie intéressant: lever tôt (me réveillaient grrr et ne me lâchaient la grappe que si je répondais à leur appel,
eux dans le salon, moi dans ma chambre!). Puis, ils font "popo", séance de gym: série d'étirements, baillements (eh oui! Ils me font bailler, mais ça ne marche pas dans l'autre sens, j'ai beau
essayer lol! Le baillement contagieux est un code de soumission de mammifère). Boire. Manger. Faire sa toilette, mais de façon très nonchalante, en prenant un temps fou et de toute évidence du
plaisir à lisser doucement leurs plumes, à masser leur ventre, à se gratter le dos, à nettoyer les oreilles avec les petites pattes, à s'étirer encore et encore, à relisser les plumes en les
regardant avec soin... Puis, sieste!
Après, encore de l'exercice, repas, jeux et communication divers (mes oiseaux sont très friands de contact, ils adorent qu'on leur parle, qu'on chante, ils aiment la musique et ils répondent quand
on leur parle (ce qu'ils disent? Aucune idée... Mais ça a l'air très important!)
Puis re-sieste!
En fait, ils passent un temps fou à dormir. Dans la nature, l'animal, s'il a à boire et à manger, dormira beaucoup, sauf exceptions.
Aux antipodes de nos vies de stress au boulot. Le stress que connaît l'animal dans la nature est lié à sa survie. Or, dans notre pays, la majorité (hélas, pas tous) ne sont plus au stade de la
survie, mais nous menons des existences de fous, comme le prouvent les nombreux suicides au travail des derniers temps.
Et maintenant, comparons ma vie passée et la leur: lever pénible, toujours trop tôt depuis que je suis en fauteuil. Je dois me lever à 5h45
pour un départ de chez moi à 7h, pour être au taf tôt, et je commence à 8h15. Quand on se prépare seul avec un handicap, il faut prévoir l'imprévu: selles de dernière minute, blème de vêtement
(voir texte précédent!) etc... Voire douleurs aigues.
Le stress fait donc partie de mon début de journée. Avant, quand j'étais valide, je me levais au dernier moment, filais sous la douche, puis j'étais opérationnelle et sprintais au bus. Mais ce
rythme était stressant, lui aussi. Comment la journée peut-elle bien se passer si elle commence sur les chapeaux de roues!!!
Puis, une fois passée au WC, lavée, habillée, je prends ma vitamine C. Je ne mange pas, je le fais en arrivant au lycée: gâteaux secs bio et lait de soja chocolat (miam). Je n'ai jamais pu manger
avant 7h du mat, autrement tout repart en sens inverse, c'est comme ça.
A 7h30, arrivée au taf, petit déj, je prépare mon cahier de textes, vérifie mon courrier, mes cours et mes photocops. Pas eu de temps pour moi alors que les piafs, eux, se sont déjà bichonnés,
comparativement!
Le moment le plus agréable de mon activité: les cours. Le temps passe très vite, je donne énormément de moi, je transmets mes bonnes vibrations, j'encourage les élèves qui ont l'air d'aller mal. Je
suis à l'écoute. Je sucre parfois ma récré pour cela. Je donne...
Toujours pas de temps pour moi. A midi (nous n'avons qu'une heure de pause), stress: la queue au micro-ondes, surveiller l'heure, aller au WC, faire des photocops, parler taf à table... Les blèmes
des à côtés du job nous accompagnent et pourrissent notre plaisir à travailler. Je ne m'étendrai pas là-dessus. Puis, après l'aprem, transport, bouchon, stress. Faire des courses, vite. Stress à la
caisse. Pas adaptée. Voiture qui barre ma route en rentrant de courses, je dois faire un immense détour en fauteuil, claquée, avec un cartable lourd et les courses. Gros stress...
Je rentre stressée. Vannée. Je m'écroule. Je vais voir les piafs, ravis mais qui rouspètent car je repars bosser. Je bois un verre d'eau en passant, vite, sans plaisir. Ma soirée n'a pas commencé:
il y a le second cahier de textes à remplir, préparer les cours (pas de manuel dans ma matière et spécialité comme je l'ai déjà expliqué dans le passé), être sur le PC, taper... Quelques
corrections.
Harassée, je me décide à manger. Je regarde les infos. Le téléphone sonne. Encore, j'écoute, je donne... De moi.
Voilà ce qu'étaient mes journées avant que j'observe mes oiseaux et que je décide "d'en prendre de la graine"!!!
Il y a eu un AVANT et un APRES.
*APRES observation attentive des pious, voilà comment se passait ma journée! (me suis inspirée de la leur)
Réveil sans bouger, sans chercher à me lever de suite. Répondre à l'appel des oiseaux, leur parler
(ils sont 2 pièces plus loin lol). Puis, je m'assieds dans le lit et m'étire. Très très très lentement. Je baille aux
corneilles, copieusement. Je rêvasse. Je pratique ensuite des auto-massages de qi-gong, la gym thérapeutique ancestrale chinoise (vous savez, ces mouvements au
ralenti qu'ils pratiquant dans la rue, qi-gong, taï-chi, do-in). J'ai bénéficié de cours gratos à notre APF, dans le cadre d'un test pour voir ce que cette discipline apporte aux personnes en
situation de handicap. On peut la pratiquer assis, même grabataire.
Je me masse et ô, que c'est bon! Je réveille mon corps, petit à petit, je l'assouplis. Absence de
douleur! Comme les oiseaux, je prends mon temps, je le fais consciencieusement, comme si ma vie en dépendait. Puis, quand mon corps est réveillé, échauffé, "bien" , je me lève, tout en douceur. Je bois un verre d'eau, lentement. Les massages ont stimulé le transit.
Après la toilette, en douceur, sous forme de massages au gant, je me bichonne avec des produits naturels, je masse mon visage, reposé, serein. Mes yeux
rayonnent. Je me souris dans la glace: je souris à cette nouvelle journée de vie, savourant la chance, la conscience physique et psychique aigue
d'être là, tout simplement...
Je prends ma vitamine, en buvant très lentement, et tout en "parlant" à mes oiseaux. Je les prends dans la main, je les câline
(commencer et finir la journée avec un geste d'amour, c'est important), masse leurs pattes qu'ils me tendent une à une, leur dos (ils adorent ça). Je leur donne eau, graines, millet
etc...
Encore quelques mouvements de qi-gong avant de faire d'intenses gestes qui sollicitent mon dos: mettre mon cartable lourd derrière le fauteuil...
Franchir les nombreuses portes de mon immeuble pour arriver au trottoir où m'attend le GIHP pour m'accompagner au lycée.
Je sors et je suis vigilante à la vie, à ma ville, aux gens, au matin qui s'éveille, aux bruits, odeurs...
pas comme ces automobilistes stressés qui ne voient rien, que le négatif et qui jurent au volant.
Sur le trajet, j'anticipe ma journée. Je la passe en revue. Je me conditionne positivement. J'arrive souriante (ça, je le suis presque toujours, marque de
fabrique d'@DY: "M'dame, vous au moins vous êtes de bonne humeur quand vous arrivez, vous souriez toujours, ça fait trop du bien!" parole d'élèves). Puis tout
se déroule de façon zen. La seule chose qui est hors de portée, ce sont les imprévus qui ne viennent pas des élèves comme on pourrait le croire, mais d'autres
aléas au taf... A table, on rigole avec les collègues, on déstresse (on est entre nous en salle du personnel),
on partage notre tambouille; on parle boulot mais dans la détente. On nous l'a reproché! Pfff! Un prof n'a pas le droit de rire! Je rêve! On soutient les
collègues qui ont des difficultés.
Pendant les pauses, quelques gestes de qi-gong. Je bois de l'eau régulièrement, comme mes oiseaux. Je fais tout très lentement
quand je m'occupe de moi, comme eux.
Le soir est là, je repars comme je suis venue: avec le sourire... Même pas fatiguée.
Je prends le temps de flâner dans le quartier, je papote avec les voisins, ceux qui ont des chiens, ceux qui ont des soucis...
Je rentre. Mon premier geste est de me planter devant la cage et de laisser les piafs me faire la
fête. Puis, je laisse la saine fatigue m'envahir... Je reste assise un long moment. Mes oiseaux eux se sont assoupis. Je ferme les yeux comme
eux, je relâche membres, muscles. Je fais une sieste de 5 minutes. Parfois j'ouvre un oeil, un des oiseaux aussi. Comique! Je dis à voix basse: "tu triches!" Et on
referme les yeux! Ce sont les oiseaux qui décident que c'est fini: "CUICUI!" disent-ils en s'étirant. Et ils vont faire popo, boire et manger. Je fais de même!
Après le repas, repos. Je me fais plaisir: auto-massage de la nuque, du visage, des bras, des jambes. J'écoute la
musique que j'aime. Je bois. Je travaille, très lentement, en faisant des pauses respi et
relaxation, étirements, comme les oiseaux. J'ouvre grand la fenêtre de ma chambre, je regarde la nuit... J'hume l'air. J'écoute les derniers bruits. Je repasse en revue ma journée, je vois
ce qui peut/doit être amélioré. Je fais des projets qui me réjouissent. J'ai une pensée pour les gens qui souffrent, pour mes disparus... Je prie, ou plutôt j'adresse un message à une entité divine
hypothétique. Sans être croyante, je me sens liée au Vivant et à son devenir. Je "borde" mes oiseaux avec une chanson qu'ils adorent, ils dorment aussitôt.
Je prends soin de mon corps avant de me coucher. Je le masse et l'enduis d'huile sèche. Ce massage me prépare au sommeil. Je fais tout avec douceur, pour ne pas laisser la moindre chance au stress. Je lis. Enfin, je m'endors, comme un bébé... Je rêve...
*PS: quand je parviens à vivre ainsi sur la durée, pas de poussée... Intéressant! Un de mes piafs, le mâle (à droite), pondu maison, va sur ses 10 ans. Il est handicapé, lui aussi, une patte traîne un peu vu son grand âge et du coup il ne peut plus se maintenir sur un perchoir. Alors je lui mets tout à portée de bec, mais
comme il tient à remonter sur le perchoir du haut, il se retrouve invariablement au fond de la cage sans pouvoir remonter. Je veille donc à l'aider pour qu'il puisse retourner dans son "igloo", à
portée de boisson et de nourriture. Au besoin je le nourris au doigt. C'est lui ou la femelle qui m'appellent quand il se retrouve en bas sans pouvoir remonter. Malgré cela, il est alerte, actif,
tendre... Je m'étais servie de son exemple pour encourager une blogueuse handi
découragée. Courageux petit pépère qui trouve de la joie dans les choses simples!
***Aujourd'hui je suis semi-dépendante, je ne travaille plus, la maladie a progressé, inéluctable, mais je m'inspire toujours des pioupious pour mon bien-être!
***Et vous, quels sont vos trucs de bien-être que vous souhaitez partager avec mes lecteurs?
*Paru le 12 août 2007*