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Un éloge vagal de l’anonymat et un tian d’aubergines gorgonzolées qui font hips

Par Estebe
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Salut à vous, ô stars de l’ombre
Une confidence. Il nous est parfois arrivé de rêver de célébrité. De devenir un puissant du monde, quoi. Le gaillard chic et dynamique que tout le monde reconnaît au marché du coin. Que tout le monde il l’aime, même. Que tout le monde accroche au mur du salon le poster avec sa bobine dessus, à côté du Pape et de Johnny.
Or, c’est bête, et souvent frustrant, d’aspirer ainsi à la gloire. D’abord parce qu’elle ne vient pas au premier coup de sifflet, la gloire. Ensuite, parce qu’elle use l’appareil digestif. Et que les gens illustres ne sont pas plus heureux que toi et moi. Non, Madame. Même moins, peut-être bien.


Regardez donc le couple Sarkozy. Très connus, les Sarkozy, non? La semaine passée, Carla fait un concert à New-York. Avec son petit filet de voix, sa guitare qui fait gling et ses yeux de poule amourachée. Ben, le très respectable Times a trouvé le show à ce point naze qu’il s’est permis d’étriper la présidente dans ses colonnes. Sauvagement. Depuis, Carla, elle a grave les boules. Pauvrette.
Hier, rebelote. Son Nico d’époux s’en va faire son footing dominical. En short et Ray-Ban. Et pof, le voilà qui nous fait «un malaise vagal». (On en a profité pour apprendre un adjectif délicieux: vagal. Chérie, je me sens un poil vagal ce soir. Vagal, toi? Oui, chouchou, résolument vagal.) Bref, l’omniprésident a brouté le bitume, tout blanc, tout mou, tout chose. D’aucuns estiment que la déshydratation et le régime alimentaire strict que suit Sarko ces jours-ci seraient en partie responsables de la syncope présidentielle.
Double moralité. La célébrité rend vagal. Et il ne faut jamais faire de régime sans picoler.

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On prendra soin d’ailleurs d’arroser le plat narré ci-dessous avec un très bon vin rouge du sud, gorgé de soleil donc, mais pas plombé pour autant. Au contraire. Tout en longueur, en élégance et en subtilité. Le vin, c’est les «Etats d’Ames» d’Olivier Julien, brillant vigneron à Jonquières, Hérault, Languedoc, France-d’en-bas où chantent les cigales. Pas vagal, du tout, comme pinard.
Le plat ensuite: un tian d’aubergines et tomates au gorgonzola brumisé de gnole et parfumé au romarin.
Miamou! Le type même de crapulerie à la fois estivale et nourricière, qui fait boum en bouche en vous mettant à l’abri de la pâmoison vagale, surtout quand les photographes sont là.

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La tactique? Avisez de braves aubergines rondes à l’épiderme luisant. Taillez en rondelles d’un centimètre et quelques millimètres de large. Oignez sans insister d’huile d’olive au pinceau. Et faites dorer tranquilou vingt minutes sur une plaque au four, en retournant à mi-course.

Pendant ce temps, taillez de belles tomates dodues, genre cœur de bœuf, en tranches minces. Sel, poivre.
Et émincez deux brins de romarins.
Sortez les aubergines de leur fournaise. Salez, poivrez, tartinez d’une mini lichette d'un bon gorgonzola doux (ne jamais lésiner sur la qualité et donc le prix du gorgonzola. on se fait si vite gorgonzoler de nos jours), puis parsemez de romarin ciselé.
Dans un plat en pyrex, ou pas, montez votre tian en alternant tomates et aubergine dressées comme à la parade. Arrosez d’une parcimonieuse giclée de grappa. Ou de marc. Ou de l’exquise gnole de contrebande du voisin, distillée chaque automne en douce sur un alambic slovène importé en kit.
Couvrez le plat d’une feuille de papier-alu. Et laissez cuire une grosse quinzaine de minutes au four à 180°, jusqu’à tendreté voluptueuse des légumes.
Voilà. Avec un carré d’agneau rôti, c’est, disons… vagalissime.

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A sous peu


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