Ce lundi 27 juillet 2009 - l'humeur de la semaine -
Elles nous ont fait ce que nous sommes, au long de nos enfances, ces petites choses de la vie. Souvenez-vous, c'était hier, l'école et son pupitre, l'encrier qui tachait les doigts, les cahiers ramassés à la hâte, le cartable un peu lourd et le petit chemin qui vagabondait entre les champs, le clair de lune qui nous faisait rêver, la marguerite que l'on effeuillait en secret ; oui, c'était hier et ce sont toujours ces joies si modestes qui font le temps léger et l'humeur joyeuse, ces petits riens qui ont tissé nos heures et reprisé nos peines. Aussi rendons-leur ce qu'ils nous ont donné par l'insistance du regard et la magie des mots.
C'était un temps délicieusement lent,
on se tenait serré comme une meute d'enfants.
Nous avions des refuges, des territoires
pour braconner les songes,
des goélettes ancrées en des ports défunts.
Lorsque la souffrance se défroissait
les bambins, un à un, venaient se coucher dans ses plis.
Ils avaient oublié leurs visages dans les feuilles
et ne savaient quel voyage poursuivre ;
dans quel château hanté s'ébattent les licornes,
vers quel contre-jour on navigue.
Ce chemin, à l'orée, est celui
où, sans fin, nous revenons.
Il y aurait mille possibilités de se perdre.
Passez votre route, dit le sage.
Ne vous inquiétez pas de savoir où il conduit.
Ailleurs n'est jamais autre part qu'en soi.
Naguère j'aimais à te voir venir parmi les haies de lauriers et de symphorines. Tu ressemblais à un pèlerin. Les senteurs printanières se ramassaient sous les branches, on s'enivrait d'un chant de tourterelle, d'un baiser.
La vie avait les mêmes couleurs que l'enfance. Lentement elle nous envahissait. Nous passions des heures à deviner ce que le monde oubliait de nous montrer, des heures à surprendre l'irréalité.
Le soir s'allongeait contre la hanche d'une colline. Des murmures nous laissaient croire qu'autour de nous dansaient quelques anges candides. Paix à ceux qui entendent. Nos paroles se mêlaient au soliloque des blés.
Ne dis rien. Préservons ensemble
le temps qui dort,
tenons à l'abri la songeuse espérance.
Au dehors, laissons le bruit battre à la vitre,
l'horloge égrener son chant funèbre,
écoutons le râle de la mer et les vents, venus d'ailleurs,
nous bercer de la complainte des lointaines terres.
(...)
Nous saurons un matin nous éveiller ensemble,
sans rien attendre de l'empire des songes,
nous tisserons notre destin
qui nous fera aigle ou colombe.
Extraits de mon recueil de poèmes " Profil de la Nuit"
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