Tout a commencé voilà plus d'une semaine, quand on appris qu'Amazon avait supprimé des ebooks de la vente, mais également des Kindle qui les avaient achetés. Une désagréable surprise et de taille, d'autant plus qu'elle touche des ouvrages d'Orwell, 1984 et La ferme des animaux. La situation est cocasse, et inspire l'hilarité : trop de coïncidence tue la coïncidence...
Mais tout le monde ne rit pas, loin de là : tout d'abord, Jeff Bezos est contraint de présenter des excuses publiques, ajoutant que ce qu'Amazon a fait était « stupide ». Si cette parodie suffit pour certains, plusieurs associations de défense des libertés civiles souhaitent que la méthode dont les livres sont vendus par le biais de la technologie Amazon soit complètement revue.
« Tant qu'Amazon garde le contrôle de l'appareil, il disposera de cette possibilité de retirer des livres, ce qui signifie qu'ils seront tentés de le faire ou qu'on les forcera », précise Holmes Wilson, directeur de la Free Software Foundation. Et d'annoncer qu'il prévoit la rédaction d'une pétition demandant au cybermarchand de renoncer au contrôle exercé sur le lecteur, et de reconsidérer son gestionnaire des droits numériques.
Mais ce sont également les conditions de vente qui sont remises en question : l'utilisateur qui achète un livre peut en être dépossédé sur le champ, sans rien pouvoir faire. On parle désormais clairement de cette location-vente à peine déguisée, et qui lèse le client.
Car aujourd'hui, dans un monde moderne et subtil, le revendeur conserve une emprise sur son client, par le biais de mises à jour, de petites surprises, ou d'autres subtilités qui lui offrent un dossier complet sur leur client, ses goûts, ses envies, ses achats : dis-moi quels ebooks tu achètes, je n'aurai plus besoin de violer ta vie privée pour savoir ce que tu caches.
Cependant, les juristes ne sont pas unanimes, et pour certains la violation du droit d'auteur réalisée par l'éditeur indélicat est largement plus importante que l'intrusion dans le Kindle des consommateurs. D'autant que les livres achetés leur ont été remboursés... Erreur : si un tel objet se trouvait rattaché à des organismes gouvernementaux, pour une raison ou une autre, alors toute liberté individuelle partirait en ruine.
La question reste de savoir si la génération qui arrive a déjà assimilé ces violations comme normales et qu'elle a appris à vivre avec. Et que seuls les vieux peuvent encore imaginer les dangers que cela représente...