Sophie Coignard et Alexandre Wickham sont spécialistes des livres d’enquêtes fouillées, turbulents pour les puissants. Avec Le monde est à nous (1), les deux auteurs rééditent leur plongée dans la monde romanesque et virtuose de l’économie fiction. Après Mafia chic, qui expliquait les liens dérangeants entre le pouvoir et la justice, ou l’injustice du pouvoir, Le monde est à nous plonge dans l’opacité de l’économie. Garance Vertolier devient après le décès accidentel de son père l’héritière d’un grand groupe de pharmacie français, Pharmaplus. Là où les collaborateurs de feu son père s’attendaient à ne trouver qu’une petite fille riche, manœuvrable à souhaits, ils trouvent une jeune femme déterminée à aller jusqu’au bout de son héritage, à savoir prendre les commandes du groupe. Cela contrecarre les plans mis en place dans l’ombre depuis longtemps car dans le même temps Garance souhaite retirer du marché un médicament, Harmonil, très rentable pour l’entreprise, un blockbuster, mais, semble-t-il, dangereux pour la santé des enfants, dixit Démator, un navigateur breton surnommé ainsi car il n’arrive jamais à passer la ligne d’arrivée des courses et qui a justement perdu l’un de ses neveux à cause de ce médicament. Le livre raconte comment dans ces jeux de puissants l’inexpérience peut être coupable. L’écriture est efficace avec un sens aigu des descriptions et des dialogues, et la lecture se fait agréable. Néanmoins, l’intrigue finit un peu en eau de boudin, de manière si ce n’est improbable, au moins étonnante, à moins que n’ait laissé aux auteurs la possibilité d’une suite.
Le monde est à nous, de Sophie Coignard et Alexandre Wickham. Editions Le Livre de poche. En vente chez Dialogues, à Brest.
1. Ce titre est aussi celui d’un livre de Laurent Edel, sur les NIB, nouvelles idées de business.