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“Contre-enquête sur la mort d’Emma Bovary” – Philippe DOUMENC

Publié le 17 juillet 2009 par Hachiko

DOUMENC

“Elle s’appelle Emma Bovary et son histoire est célèbre. Amoureuse de l’amour, elle a vécu d’illusions, trompé son mari et ruiné son ménage. Dans un geste de désespoir, elle se tue en absorbant une forte dose d’arsenic – c’est du moins ce que prétend Flaubert. Or c’est un fait reconnu que l’arsenic, en une seule prise, n’est presque jamais mortel…”

Le titre est intrigant. A première vue, un auteur contemporain reprend un grand classique de la littérature française pour mener une enquête policière. Et pour entrée en matière, ceci :

“Mais naturellement ma pauvre Bovary s’est bien empoisonnée elle-même. Tous ceux qui préntendront le contraire n’ont rien compris à son personnage !… Comment ne pas se suicider si l’on a un peu d’âme et que le sort vous condamne à Yonville ?”

Gustave Flaubert, Correspondance avec George Sand.

Puis, le récit de la mort d’Emma, une mort lente, douloureuse et ces mots chuchotés au médecin :

“Assassinée, pas suicidée.”

Flaubert serait-il lui-même le premier suspect ? Et les habitants de Yonville, cette ville qui semblait si peu propice à l’épanouissement d’Emma, qu’en est-il d’eux ? Qu’ont-ils donc à cacher ?

Une contre-enquête démarre dans une ambiance hivernale et triste : l’autopsie, l’enterrement, les interrogatoires et dépositions qui s’ensuivent…
Le style, très littéraire et accompagné de descriptions précisent plantant le décor, place la contre-enquête dans la droite lignée du roman de Flaubert.
Dans la lignée du roman, certes, mais d’un point de vue tout autre, piquant, presque acerbe. Une intrigue bien menée au cours de laquelle on redécouvre avec plaisir les personnages du roman sous un autre angle, à commencer par Emma. C’est l’envers du décor qui nous est présenté, un décor qui semble plus vrai, mais plus dur aussi. On est plongé dans un univers où se mêlent passions ennivrantes, douce cruauté et amères rêveries. Un monde plus abîmé,  bien loin de celui auquel aspirait la belle Emma et dans lequel la réalité rattrape durement les rêves d’une jeune fille trop sensible et trop fragile livrée à des âmes solides et peu scrupuleuses.
Une lecture aussi agréable que surprenante qui reprend un grand classique de la littérature française tout en s’en démarquant subtilement.

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Cette lecture (lien) s’est faite dans le cadre du “Prix littéraire des Blogueurs“.


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