Salariés en préfecture, médecins de santé publique, agent du Pôle emploi ou inspecteur du travail, enseignants, assistantes sociales, agents de la sécurité sociale…
Les agents de la fonction publique refusent d’appliquer les consignes les obligeant à participer à la chasse aux sans-papiers.
En 2009, le ministre de l’immigration Éric Besson devra expulser du territoire français 28 000 étrangers. Cette politique de retours forcés ne peut se faire sans la coopération de tous les corps de l’État.
La délation tourne à plein régime. Ici, une fonctionnaire de la mairie du 5e arrondissement de Paris signale à la préfecture une équatorienne venue inscrire son fils à l’école. Là, un agent de la Caisse primaire d’assurance maladie de l’Yonne dénonce un angolais, malade et gravement handicapé…
Mais tous les fonctionnaires ne pensent pas que la « dénonciation est un devoir républicain », selon la formule de Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP. Certains ont une idée différente de l’accueil et du service public.
Ils sont salariés en préfecture, médecins de santé publique, agent du Pôle emploi ou inspecteur du travail, enseignants, assistantes sociales, agents de la sécurité sociale ...
À leur niveau, ils s’opposent à la politique migratoire de la France qu’ils jugent néfaste. « De plus en plus de gens dans ce pays refusent de dénoncer et de surveiller. Dans certains cas, la désobéissance civique est obligatoire. C’est aussi une façon de dire que nous n’avons pas peur ».
Cette résistance peut être individuelle ou collective et prend différentes formes, du sourire de la guichetière en préfecture au refus de contrôler les papiers de l’agent du Pôle emploi. « C’est un mouvement en partie individuel mais qui comprend aussi des articulations avec le syndicalisme. Les éthiques personnelles et citoyennes se rejoignent pour dire : pas ça et pas moi ».
Ces petites actions, au quotidien, sont autant de grains de sable discrètement glissés dans les rouages de la machine à expulser.