La déroute des idoles n'a pas étouffé en nous le désir de construire quelques êtres démesurés, étrangers à la raison, capables de contenir toutes nos craintes, et, en même temps de nous conduire aux portes d'un empire incorruptible, paré des augustes prestiges de l'impersonnalité.
Mais, par un bizarre paradoxe, puisque nulle chose, même au bord du néant, ne peut nous arracher au souvenir de notre condition, il semble qu'aujourd'hui la première de ces figures mythiques, encore obscure et tremblante comme un monde naissant, ne soit autre que l'Homme lui-même. Dans les définitions qu'il se donne de sa propre nature et de son propre destin, il n'est pas un trait, pas une notion qui ne le dépasse. Son ombre gigantesque l'entraîne et il la suit en gémissant.
La part de l'Ombre (1967) Lire la suite ...