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Sembène Ousmane est né en 1923 à Ziguinchor, au Sénégal (Casamance), et mort en 2007 à Dakar. Autodidacte, il n’a connu dans sa jeunesse que l’école coranique et l’école française, avant d’être mobilisé comme tirailleur sénégalais par l’armée française pendant la Seconde Guerre mondiale.
Après un bref retour au Sénégal, il embarque clandestinement pour la France, où il enchaîne les petits boulots : mécano, maçon, ouvrier… Il travaille notamment au port de Marseille comme docker, pendant dix ans. Sa condition de travailleur le mène alors au syndicalisme et à l’engagement politique : il adhère à la CGT et au Parti communiste. Ce militantisme imprègnera l’ensemble de son œuvre, d’écrivain comme de cinéaste.
L’écrivain. Son premier roman, Le Docker noir (1956), s’inspire de son expérience marseillaise. Plus tard, Les Bouts de bois de Dieu (1960) s’inscrivent dans la même veine, résolument engagée aux côtés des exploités. Une dizaine de romans constituent l’œuvre littéraire de Sembène Ousmane, qui tenait à les signer en inversant ses nom et prénom (Sembène Ousmane au lieu d’Ousmane Sembène), en écho à la l’appellation coloniale, et avec ce message : « Je réécrirai mon nom à l’endroit le jour où les rues de Dakar ne porteront plus de noms français. »
Le cinéaste. En 1960, le Sénégal acquiert son indépendance mais les rues ne changent pas de nom. Sembène Ousmane rentre en Afrique, voyage dans divers pays du continent – Mali, Guinée, Congo – et commence à songer au cinéma. Un an plus tard, le voici dans une école de cinéma de Moscou et, en 1962, il réalise son premier court-métrage, Borom Saret (« le charretier »). En 1966, son premier long-métrage, La Noire de… (qui est inspirée d’une nouvelle du même nom parue dans le recueil Voltaïque en 1962) fait de lui un pionnier du cinéma africain et obtient le prix Jean-Vigo. En 1968, c’est la consécration, avec Le Mandat (un autre film inspiré d’un de ses romans), couronné par le Prix de la critique internationale du Festival de Venise. En 1969, Sembène Ousmane crée le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). En dépit de relations difficiles avec le pouvoir sénégalais incarné par le « poète-président » Léopold Sédar Senghor, le réalisateur tournera une quinzaine de films.
La critique historique, sociale et politique est au cœur de l’œuvre de Sembène Ousmane, qui recevra les insignes d’officier de la Légion d’honneur de la République française, en 2006, avant de s’éteindre à son domicile de Yoff, à Dakar, le 9 juin 2007.
A lire :
Le Docker noir, Présence africaine, 1956
Ô Pays, mon beau peuple, Le Livre contemporain, 1957
Les Bouts de bois de Dieu, Le Livre contemporain, 1960
Voltaïque, Présence africain, 1962
L’Harmattan, Présence africaine, 1964
Le Mandat suivi de Vehi Ciosane, Présence africaine, 1966
Xala, Présence africaine, 1973
Le Dernier de l’empire, L’Harmattan, 1981
Niiwam suivi de Taaw, Présence africaine, 1987
Photo © Abdou Fary Faye
Sources : Wikipedia, Sénégalaisement, Africultures