Comme l'an passé, le Rugby Club Toulonnais est l'un des seuls pensionnaires du Top14 à animer la quiétude de l'inter-saison. La passion des supporters, l'identité très forte du club et le fait qu'il fédère, au-delà de la Rade, les amateurs de la région sud-est expliquent sans doute en partie l'effervescence particulière qui règne autour du Stade Félix-Mayol.
Mais pas
seulement. La puissance financière du Président Boudjellal a donné
au RCT les moyens d'affirmer autre chose que la survivance d'un
patrimoine culturel spécifique au sein de l'élite ovale. Après
avoir fait remonter le club en Top14, et au sortir d'une saison
2008-2009 délicate, le président Boudjellal voudra sans doute être
remboursé de ses efforts.
Et on le comprend. Le club a aujourd'hui les moyens de viser mieux qu'une 9ème place, difficilement acquise l'an passé, au prix de quelques frayeurs et de serrages de boulons épisodiques de la part de son emblématique dirigeant.
Plusieurs facteurs plaident en faveur du RCT. En premier lieu, la saison précédente fut celle de l'apprentissage du Top14. Il n'est jamais facile de passer d'un ProD2 intense, certes, mais moins exigeant en termes de rythme et de technicité à un Top14 où le combat n'est pas forcément le paramètre le plus important à maîtriser, alors que c'est le sans doute l'élément central des joutes de l'échelon inférieur. Et c'est sans aucun doute un RCT adepte de Nietzsche qui aborde la saison 2009-2010 : tout ce qi ne vous tue pas vous rend plus fort. Les joueurs ne disent pas autre chose, qui affirment que le groupe s'est soudé dans la difficulté.
Autre élément probant, l'arrivée de "PSA". Philippe Saint-André arrive d'Angleterre avec dans son sac toute la panoplie du professionalisme à l'Anglaise : rigueur, organisation, soucis du détail. Même si on sait que les méthodes importées du rugby Anglo-saxon n'ont pas toujours été très efficaces, le fait que le "Goret" soit Français, et qu'une grande partie de l'effectif soit issue du rugby de l'hémisphère sud, peuvent permettre à la mayonnaise de prendre.
Et puis il y a l'effectif, renforcé par l'arrivée médiatique de Jonny Wilkinson. L'ouvreur prodige est fragile, on le sait, et il n'est pas sûr que son corps tienne le choc, lui qui a si souvent lâché depuis le sacre mondial de 2003. Pour autant, à l'instar de Tana Umaga, le rôle de Wilkinson dépasse le cadre du terrain. On sait le garçon incroyablement professionnel. Ce professionnalisme et la tenacité du joueur, son exemplarité, pourraient faire le plus grand bien à des coéquipiers parfois un tantinet dilétantes.
On peut également évoquer le recrutement opéré par PSA pour muscler son paquet d'avant. On sait que le rugby commence devant. Les arrivées de Laurent Emmanuelli , Sébastien Bruno ou Juan-Martin Fernandez-Lobbe sont de nature à donner quelques assurances au coach Toulonnais. Derrière, le départ de Martin Jagr ou d'Orene Ai'i ne devraient pas cependant diminuer la force de frappe d'une ligne de trois-quart en plein essor.
Cet inventaire plutôt favorable conduirait à l'enthousiasme le plus neurasthénique des supporters de la Rade.
Alors, pourquoi ne pas envisager les demies ?
D'autant que la nouvelle formule va offrir la possibilité aux clubs classés aux 5ème et 6ème place de venir se mêler à la lutte finale par le biais de quart-de-finale face aux 3ème et 4ème.
Evidemment, vous ne trouverez pas forcément un discours aussi ouvertement ambitieux chez de nombreux supporters, instruits de l'expérimence de l'an passé. Les autres concurrents se sont également renforcés et les points seront, comme chaque année, difficiles à aller chercher à l'extérieur.
Mais il faut reconnaître que le club au brin de muguet a mis de son côté suffisamment d'atouts pour se frayer un chemin vers les demies.
Premiers
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