Ceux qui ont apprécié « Miles, l’autobiographie » signée Quincy Troupe et rééditée il y a environ deux ans ne doivent pas s’en tenir comme quitte. Un « Miles Davis », édité par le Castor Astral écrit par le même Quincy Troupe vient de sortir. Ce n’est en rien un digest ou un sous-produit de la célèbre biographie autorisée mais plutôt un prolongement nécessaire qui balise la fin des années quatre-vingt, Miles Davis rangeant définitivement sa trompette dans l’étui en 1991. Ce court ouvrage est donc à lire et en le parcourant on ne peut que se dire que, là-haut au paradis des musiciens géniaux, Miles doit continuer à emmerder tout le monde. Ici bas, le type était déjà pénible, limite tyran, et on se dit que dans le lounge douillet du secteur VIP du paradis des musicos, il y a probablement belle lurette que Miles Davis ne parle plus à personne. Qu’Hendrix l’évite, que Coltrane s’efforce de ne le croiser que par obligation, que Monk est aux abonnés absents. Seul peut-être Beethoven, toujours aussi sourd comme un pot, lui fait la conversation et Mozart, quant à lui, il est bien obligé de le fréquenter, même épisodiquement, ne serait-ce que pour récupérer de la dope ou des medocs.
Pourtant, à l’annonce de sa mort, dans ce coin du paradis, parmi tout ce beau monde, ils étaient nombreux et impatients à voir débarquer le trompettiste le plus génial du XXème
Siècle. Certains imaginaient déjà quelques jams fabuleuses et des fiestas mémorables. Malheureusement il faut le dire, là-haut comme jadis ici, Miles se comporte parfois comme un petit monstre et les moments de rencontres musicales sont toujours épatants mais toujours rares. Du côté filles ce n’est pas mieux à telle enseigne qu’elles préfèrent toutes faire les vocaux derrière Ike Turner plutôt que de…