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L'habit du moine

Publié le 24 juillet 2009 par Malesherbes

On essaie vainement de distinguer le public du privé. Certains d’ailleurs, et non des moindres, s’ingénient à entretenir la confusion. Lorsque des élus se prêtent à des émissions de divertissement, le but est évidemment d’engranger par ces prestations un capital de sympathie susceptible de rejaillir sur leur stature d’homme politique. Le transfert peut aussi être sollicité dans l’autre sens. Lorsqu’un gendarme se permet d’endosser son uniforme militaire pour se plaindre d’un enseignant, il s’efforce de se hisser au-dessus de sa condition de simple parent d’élève, personne privée, pour abuser de son statut public. Il met en pratique le vieil adage « c’est l’habit qui fait le moine ».

Inversement, certains n’ont pas besoin d’un habit pour jouir de leurs prérogatives. C’est là la grandeur et la servitude de leur position. Ainsi, quoi qu’il fasse, Nicolas Sarkozy demeure Président de la République. Lorsque, incapable de maîtriser ses nerfs, il se laisse aller à insulter un quidam au Salon de l’Agriculture, ce n’est pas Monsieur Sarkozy qui apostrophe un passant mais bien le Président de la République qui oublie son rang. De même, lorsque, accompagné d’un préfet, il se rend à une réunion des copropriétaires du Cap Nègre, ceux-ci ne sont pas en présence du gendre de Madame Tedeschi, mais voient s’exercer au contraire la puissance du Président de la République.

Or, voilà que par une décision inouïe, le CSA vient de décider que chaque intervention du Président de la République serait analysée pour déterminer s’il a parlé en tant que Président ou bien en tant que chef de la majorité, auquel cas cette intervention serait comptabilisée comme issue de la majorité. En somme, a posteriori, des sages se livreraient à des discussions byzantines pour savoir de quelle casquette se serait coiffé le chef de l’Etat avant de s’exprimer, celle de Président ou bien celle du patron de l’UMP.

Ceci est un non-sens absolu. Comme je viens de l’exposer, et l’on pourrait multiplier les exemples, quelles que soient les circonstances, et il ne se prive pas d’en user et abuser, il est le Président de la République et, comme tel, le Président de tous les Français. Le CSA n’a pas à s’armer d’un chronomètre à déclencher lorsque le chef de l’Etat commence à se comporter en chef de parti, voire de faction quand on considère les remous qui agitent l’UMP. Quand Nicolas Sarkozy le fait, il se montre tout simplement indigne de la charge qui lui a été confiée par le peuple. Il a depuis longtemps cessé d’être le Président de tous les Français, il a abdiqué la Présidence. Puisqu’il n’en tire pas les conséquences, qu’attend-t-on pour le déposer ?

Et que l’on ne vienne pas me chanter la ritournelle : « et ses prédécesseurs ! » D’abord, je doute qu’ils aient poussé la confusion aussi loin et, ensuite, quand bien même cela serait, les fautes passées ne sauraient excuser les fautes présentes. On croirait entendre un gamin pleurnicher : « mais lui, il l’a bien fait et on ne lui a rien dit ! » Il ne nous est pas donné d’intervenir sur le passé, contentons nous d’espérer agir sur le présent et le futur proche.


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