Magazine Culture
[ le rock des québécois puise dans les meilleures rythmiques de l’alternatif et y glisse par moments des carcans post-rock, tire au maximum profit des deux batteries mises à disposition (étonnant percussionniste aux cymbales trouées constamment penché sur ses fûts avec divers ustensiles) pendant que la voix saute de registre en registre avec une aisance déconcertante au milieu de mélodies accrocheuses ou au potentiel non-négligeable. ]
Karkwa : Le concert des établis
Les groupes que tout la presse spécialisée qualifie de “nouveaux Radiohead”, “les Radiohead de [insérer le pays de votre choix ici]” ou “fortement influencé par Radiohead”, je pars d’un à priori négatif. Non pas que je voue un culte spirituel au quintet d’Oxford et que rien ne saura les supplanter (même s’ils ont, avouons-le, mis la barre très haut et méritent que leur nom soit inscrit dans la partie noms propres de tout dictionnaire généraliste au même titre que les Beatles ou Pink Floyd). Simplement parce que, généralement derrière ces appellations, se cachent des millions de groupes n’ayant retenu que les débuts musicaux de la bande à Thom Yorke alors que ceux-ci se contentaient de faire pleurer lycéennes avec leurs mal-êtres d’étudiants britanniques.
Quand j’ai vu Karkwa se faire épingler de “Radiohead québéquois”, c’était mal parti. Me voici au Club Tent alors que Amy Macdonald joue ses dernières notes. La scène se présente bien: deux batteries et une multitude de claviers. C’est alors que les cinq québécois, lauréats de deux prix lors de la dernière gala des ADISQ, montent sur scène et entament leurs premiers morceaux. Effectivement, je savais que je n’aurais pas droit à une formation inspirée par “Kid A” ou “Amnesiac”, voire par Radiohead tout court. Si l’on devait citer un groupe auquel Karkwa m’a fait penser, ce serait Coldplay, mais une facette loin des amours perdus et mièvres si longuement miaulés par Chris Martin pendant des années et plus proche de leurs dernières productions touchées par les mains magiques de Brian Eno.
Chantant dans la langue de Molière (ou plutôt, dans celle de Philippe Aubert de Gaspé), le rock des québécois puise dans les meilleures rythmiques de l’alternatif et y glisse par moments des carcans post-rock, tire au maximum profit des deux batteries mises à disposition (étonnant percussionniste aux cymbales trouées constamment penché sur ses fûts avec divers ustensiles) pendant que la voix saute de registre en registre avec une aisance déconcertante au milieu de mélodies accrocheuses ou au potentiel non-négligeable.
Karkwa n’a certainement pas fini de faire parler de lui hors des frontières québécoises.
Article "Karkwa: Le concert des établis" Posté le 24 juillet 2009 à 1:24 par xurxx sur le blog officiel du Paleo.