Je délaisse un moment, sans remords, et ma Lal et ma Pal, si amoureusement entretenues durant toute l’année, et papillonne avec délices de magazines people en romans de pacotille.
Je choisis tout ce qu’il y a de plus léger à la bibliothèque, les petits livres vite lus, les titres des gens célèbres, les meilleures ventes de l’année, les prix littéraires impossibles à trouver avant, bref je récupère tout ce qui traîne et qui peut se lire !
C’est alors le signe que je suis en vacances ! Bénies soient les vacances et la facilité !
Cependant, parmi tout ce fatras, il arrive que je tombe sur une pépite et c’est le cas pour l’autobiographie de Françoise Hardy, parue chez Robert Laffont, cet automne. C’est un livre bien écrit, émouvant et apparemment sincère, au ton très personnel et aux souvenirs différents de ceux auxquels je m’attendais. Je ressens de l’admiration pour celle qui se dévoile plus comme une femme meurtrie que comme une simple chanteuse adulée comme elle l’a été aussi.
Contrairement à l’image que j’avais d’elle, de femme épanouie à qui tout réussit, elle se montre fragile et surtout facilement angoissée et très réservée, perfectionniste également et grande amoureuse et surtout idéaliste et fidèle ! Encore une fois, sa lucidité et sa sincérité m’impressionnent.
Elle raconte ses rapports familiaux si douloureux dans son enfance quand elle détestait sa grand-mère maternelle qui lui préférait sa sœur, sa culpabilité plus tard lors de la maladie de cette dernière, la violence exigeante de sa mère.
Rien de ce qu’elle écrit de sa vie ensuite ne ressemble à ce qu’on a pu en lire dans les médias : Jacques et Thomas Dutronc, le père et le fils, la maison en Corse achetée avec ses premiers cachets et où elle ne va pratiquement plus, sa passion pour l’astrologie, son cancer enfin et la vie solitaire qu’elle a choisie !
De cette histoire de sa vie, l’icône médiatique qu’elle demeure en sort très vivante, amicale et proche ! Sa vie fut riche en intérêts divers. Les dernières phrases de son livre se veulent apaisées !
« Le printemps que j’attends toute l’année passe de plus en plus vite et mon cœur se serre en pensant au peu de fois qu’il me reste à voir refleurir les lilas,quand bien même je veux croire que leur beauté, comme toute forme de beauté, nous donne un aperçu de l’au-delà (…)
Quand je ne suis pas trop fatiguée et que le temps le permet, je vais me promener au parc de Bagatelle.
J’y ai repéré quatre arbres dont je me suis arbitrairement instituée l’amie. Je vais régulièrement les saluer et les complimenter. S’il n’y a personne en vue, j’entoure de mes bras, l’un après l’autre, le tronc puissant de chacun des deux hêtres, pour qu’il me donne un peu de son énergie si c’est en son pouvoir, et je le remercie en partant ;
Mais mon arbre préféré se tient discrètement à l’écart et ne ressemble à aucun autre. ..Il s’appelle le « désespoir des singes. »
J’ai aimé la présentation : la photo de couverture, celles du milieu du livre et les photocopies des lettres manuscrites des dernières pages qui lui furent écrites par Montand, Prévert, Gainsbourg, Modiano qu’elle admire, Berger, Nougaro et bien d’autres.
J’ai apprécié aussi le style lui-même, soigné et concis, les paragraphes courts et réguliers rythmant les différentes étapes de sa vie. La lecture en est aisée et j’ai fini ce gros livre en très peu de temps. A la fin, j’ai regretté qu’il soit si court !
Le désespoir des singes et autres bagatelles de Françoise Hardy (Robert Laffont, octobre 2008, 390p.) ( récemment en livre de poche)