L'approvisionnement en eau douce des Etats-Unis par le Canada de nouveau en réflexion
Publié le 23 juillet 2009 par Juliayster
François-Pierre Gingras, chercheur à l’Institut économique de Montréal (IEDM), proposent d'exporter en vrac de l'eau québécoise sur une base commerciale (Le Devoir, 16 juillet 2009). L'idée n'est pas nouvelle, mais M. Gingras insiste pour que l'on considère l'option qu'il propose «avec objectivité et ouverture d'esprit», allusion aux réactions très idéologiques que cette question suscite au Québec. Le projet complexe Eau du Nord consisterait à proposer aux États-Unis d'augmenter leurs ponctions dans les Grands Lacs, moyennant rétribution, et à compenser la baisse de débit que subirait alors le Saint-Laurent par la dérivation partielle de cours d'eau nordiques via la rivière des Outaouais.Selon M. Gingras, avant même d'engranger les profits de la vente de leur «part» de l'eau des Grands Lacs, les Québécois pourraient rentabiliser le projet par la hausse de la production hydroélectrique sur la rivière des Outaouais et éviter tout gâchis écologique en limitant les dérivations aux «surplus d'eau» du Nord. A priori plus modeste et réaliste que ses pharaoniques prédécesseurs, ce nouveau projet d'exportation d'eau vers les États-Unis n'en repose pas moins sur une logique économique et écologique vis-à-vis de laquelle l'opinion canadienne se montre réticente. Ainsi, un récent sondage révélait que la majorité des Québécois et des Canadiens considèrent l'eau comme la ressource naturelle la plus importante du pays, loin devant le pétrole et le gaz naturel, et qu'ils classent l'interdiction de l'exportation d'eau en vrac comme la deuxième priorité gouvernementale à privilégier en matière de gestion de l'eau. Si l'on peut légitimement s'interroger sur la pertinence de cette vision concernant une ressource par définition renouvelable, alors que le Canada est le premier fournisseur des Etats-Unis en énergies fossiles, force est de constater qu'il ne sera pas aisé pour les Etats-Unis de se fournir en eau douce dans les formidables réserves de leur grand voisin.