ADN, le gène récessif de la révolte sénatoriale

Publié le 02 octobre 2007 par Nico2312
Thierry Mariani, le député UMP à l'origine de l'amendement sur les tests ADN, peut bien se dire "estomaqué" de son rejet par la commission des lois du Sénat, il n'en reste pas moins qu'à vouloir se la jouer toujours plus à droite (bêtement à droite en l'occurrence), la frange la plus bornée de la majorité a fini par choquer y compris dans les rangs de l'UMP. Belle perf !!!
Que le sénateur UMP et constitutionaliste reconnu Hugues Portelli considère que cet amendement est contraire à la Constitution ne dérangeait pas trop Thierry Mariani et Brice Hortefeux (qui reprend l'amendement à son compte…) : portés par le populisme ambiant, ils leur aurait été facile de montrer du doigts les juges qui encouragent l'immigration clandestine après avoir privé les bons français de réduction rétroactive d'impôts sur les emprunts immobiliers. Mais qu'une figure de proue de la (vieille) droite anti immigration comme Charles Pasqua s'oppose au texte en affirmant que "le choix des tests ADN n'est pas acceptable" au motif que "notre droit de la famille, et en particulier celui de la filiation, ne repose pas sur la biologie", ils ne l'avaient pas vu venir (tout comme le vote négatif de la commission des Lois). Et le sénateur des Hauts-de-Seine, réélu par la grâce de Nicolas Sarkozy qui doit aujourd'hui s'en mordre les doigts, de condamner cette volonté de "remise en cause de principes fondamentaux" de notre République. Mieux, les oreilles du chef de l'État ont siffler en l'entendant rappeler que "sans même parler d'adoption, il est possible en France d'élever un enfant qui n'est pas le sien. Des tests ADN pour les étrangers produiraient une inégalité de traitement"… Bref, et ce n'est même pas la gauche qui le dit mais Charles Pasqua, les tests ADN en matière de regroupement familial sont contraire à la Constitution, inutiles et stupides. Fermez le ban.
Sans doute taraudé par un début de mauvaise conscience ou alors jouant son va-tout pour ne être le premier sarkozyste retoqué par sa propre majorité, le ministre de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du codéveloppement propose désormais de soumettre les tests à l'autorisation d'un magistrat civil et propose de les limiter à la recherche d'une preuve de filiation avec la mère, mais jamais avec le père, allant même jusqu'à ajouter : "je pense que d'autres garanties peuvent être apportées, car j'ai entendu les arguments avancés depuis 10 jours, sur plusieurs bancs". Si cette reculade semble satisfaire certains faux rebelles UMP comme Jean-Pierre Raffarin, elle vient créer "une usine à gaz incroyable" inapplicable selon Hugues Portelli…
En dépit de l'attitude du porte-parole du gouvernement, Laurent Wauquiez qui se retrouve à défendre un texte même pas issu des rangs gouvernementaux en tentant d'allumer le contre-feu de "la fraude" en affirmant que "c'est quand même un sujet sur lequel on n'est pas non plus totalement sur du politiquement incorrect tel que peuvent le dénoncer les beaux esprits", le plus simple, le plus sain et moins pathétique aurait sans doute été que le gouvernement ne s'acharne pas à essayer de sauver cet amendement dont Charles Pasqua lui-même dit : "cela rappelle de mauvais souvenirs, à nous gaullistes. On sait l'usage qu'ont fait les nazis de la génétique" (au passage, on n'ose imaginer ce que la gauche aurait pris si elle avait osé un tel parallèle…).