Deux œuvres coup de poing dans ta tête, deux films chocs. Les deux sont à priori à des lustres l’un de l’autre, mais ils sont traversés par la même rage, la même urgence et la même sincérité.
Là où le premier, BRONSON, brille surtout par son esthétique, ses partis pris de mise en scène et de montage, le deuxième, J’AI TUE MA MERE excelle dans son écriture et ses répliques cinglantes.
BRONSON, itinéraire du taulard le plus violent que l’Angleterre ai connu brosse le portrait d’un homme qui ne trouve, pour moyen de tenir la promesse qu’il s’est faite à lui-même d’être célèbre, que de se faire connaître pour ses faits de distributeur de gnons à ses hôtes, en l‘occurrence des gardiens de prison où il est gracieusement hébergé pour sept ans après avoir récolté 26,18 livres, butin pharaonique d‘un braquage. Le sieur réussit donc à afficher sa trombine à la une des journaux pour ses exploits pourtant peu glorieux. Il fera finalement 34 ans de pénitence (qu’il continue d’ailleurs d’effectuer) et trouvera la rédemption dans la peinture et la poésie.
Ce côté artistique de la personnalité de Michael Petterson, auto renommé Charles Bronson, est malheureusement quasi absent du scénario. Le film n’en reste pas moins une réussite technique indéniable et Tom Hardy, mélange de Freddie Mercury et de champion de catch, y livre une performance des plus impressionnante.
J’AI TUE MA MERE lorgne plus vers le réalisme sociologique et psychologique avec cette relation ambivalente d’un fils pour sa mère.
Xavier Dolan est l’homme de tous les talents de cette œuvre narcissique et pourtant terriblement attachante. Le jeune réalisateur (il n‘a que 20 ans et a écrit son scénario à 17), scénariste et acteur principal s’y livre avec impudeur mais sans voyeurisme, n’épargne ni lui, ni la mère, tout en arrivant à rendre les deux personnages réellement touchants.
Xavier Dolan dévoile un sens des situations et des dialogues d’une grande maturité. Il faudrait pouvoir noter pendant la projection les vacheries que le gamin peut envoyer à sa pauvre môman !
L’esthétisme du film est parfois plus qu’hasardeux mais distille quelques pépites avec notamment ce qui restera longtemps la plus belle scène d’amour gay du cinéma . La force de ce film auto-produit, réalisé avec très peu de moyens et aussi le jeu impeccable des acteurs font la conquête de ses spectateurs.
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