La stabilité de l'Amérique latine pourrait être menacée si Bogota et Washington entérinent l'accord militaire prévoyant que l'armée américaine pourra faire usage d'au moins trois bases en Colombie, a estimé mercredi le ministre équatorien de l'Intérieur Miguel Carvajal
«Ce qui est en jeu ici (...) c'est non seulement le respect du droit international mais aussi la stabilité de la région», a déclaré le ministre à la chaîne équatorienne Gama TV.
Bogota avait annoncé le 15 juillet avoir atteint un accord de principe avec Washington pour que l'armée américaine puisse décoller ou appareiller à partir d'au moins trois bases en Colombie, dans le cadre de la lutte antidrogue et antiterroriste et notamment pour compenser la fermeture, à partir du 17 juillet de sa base dans le port de Manta (Equateur).
L'annonce a suscité «l'inquiétude» de l'Équateur, qui partage près de 600 km de frontières avec la Colombie au sud-est et du Venezuela, au nord-ouest (2200 km de frontières), a rappelé le ministre.
Bien que la Colombie et les États-Unis aient indiqué que cet accord ne permettrait pas de mener d'actions contre des pays de la région, M. Carvajal a aussi tenu à rappeler que l'ex-ministre de la Défense colombien et possible candidat à l'élection présidentielle de 2010 Juan-Manuel Santos avait indiqué être disposé «à faire usage de la force en dehors de son territoire».
En mars, M. Santos avait jugé «légitime», l'attaque menée un an plus tôt par l'armée colombienne contre un camp de la guérilla colombienne des Farc en Equateur, dans lequel 25 personnes, dont le numéro deux de la guérilla Raul Reyes, avaient été tuées.
«Lorsqu'(un pays) compte sur ce type de personnages, avec une telle politique (...) cela ne peut être qu'inquiétant», a-t-il déclaré.