Ce billet ne parle pas de la course. D’ailleurs pour ceux qui la regardent, on peut continuer sérieusement à s’interroger sur les performances des coureurs. Je veux parler ici de l’évènement, de la fête que représente le Tour. Je me suis rendu sur l’étape qui arrivait à Besançon. A plus de 60 km de l’arrivée, entre deux villages, un point absolument quelconque de la course, je pensais être seul au bord de la route. Erreur : il y avait des gens en continu des deux côtés de la route, et des voitures sur un kilomètre pour accéder. Des suisses, des italiens, des enfants, des personnes âgées, une fresque géante faite par un artisan local…Et quelle ambiance ! Tout ça pour un spectacle objectivement inexistant : un premier train (les échappés), un second un peu plus long (le peloton), juste le temps de voir Contador remonter la file…et hop, c’est fini !
Mais c’est ainsi, le Tour est inscrit dans les gênes nationaux depuis qu’Albert Londres a magnifié les forçats de la route, que Pierre Chany et Antoine Blondin nous ont décrit la geste épique des champions qui sont entrés dans l’histoire comme Poulidor, Coppi, Bahamontes, Merckx, Hinault… Enfin un évènement qui fait sortir les médias au-delà du périphérique parisien ! Au lieu de nous parler sans cesse des deux ans de Velib, ignorant au passage l’avance de Lyon qui avait largement anticipé avec Velov, il est bon que le journaliste aille suivre la petite Reine dans notre bonne province… Il faut avouer aussi que les images réalisées par France Télévision sont de toute beauté : ils ont parfaitement compris la possibilité qu’ils avaient de meubler les temps creux de la course en fournissant aux millions de téléspectateurs une visite de la France vue du ciel, la leçon de morale de l’escroc Arthus Bertrand en moins. Frédéric Mitterand, qui a fait une de ses premières sorties sur cette même étape de Besançon l’a très bien résumé : « le Tour c’est l’histoire, la géographie et la culture ». Je lui suis reconnaissant d’être venu sur le Tour. Nicolas Sarkozy y est venu aussi aujourd’hui, plus comme passionné de cyclisme, mais c’est une bonne façon de s’éloigner progressivement de la catastrophique entrée en matière bling bling.