Ce soir, je suis rentrée et j'étais heureuse. Chérinou a acheté du Tarama et du St Aigur sous forme liquide avec du bon pain frais. J'ai savouré l'instant
présent mais à l'idée de penser que demain soir, ces deux boîtes seront vides, je suis un peu triste. J'en ai fait part à Chouchou qui ne veut pas me voir dépitée et qui veut en racheter mais
j'ai posé mon véto.
Si je savoure mon fromage et mon tarama, c'est parce que ça reste des mets d'exception. Où serait le plaisir si j'en avais en abondance à portée d'estomac?
Chéri est triste. Il m'a demandé si je n'étais plus aussi excitée par lui avant qu'on vive ensemble puisque j'ai sa saucisse à portée de bouche toutes les nuits. Comme je suis bien éduquée, je me
suis exclamée que ça n'avait pas le même rapport... mais la vérité vraie c'est que ça n'a plus la même saveur.
Pourtant il est doué, pourtant il est musclé, pourtant mes voisines, mes amies tentent de me le rapter. C'est un beau gosse. Célibataire, j'étais très sexe bizarrement et là j'en sens moins
l'utilité... de faire ce bidule qui si on y réfléchit est mécaniquement con comme bonjour (avant- arrière, avant - arière...). Ce que j'aime surtout dans mon couple (j'ai officiellement le droit de dire mon couple), c'est de savoir que le soir en rentrant je vais lui raconter mes non- histoires de bureau, je
vais le laisser se moquer de mon addiction à Secret Story (parce que depuis lui, je n'ai plus de vie). Je peux même oublier mes clefs, il est là le soir quand je rentre et je suis sûre à 100% de
sa fidélité- Il m'appelle tous les quarts d'heure. C'est peut- être cette certitude et cette routine rassurante qui joue sur ma libido. Les interactions sexuelles n'auraient- elles été qu'un
alibi pour maintenir dans mes filets des hommes bien fluctuants?