Ce week-end, j'ai été voir TOY BOY, le film dans lequel Ashton Kutcher joue un petit minet très conscient de sa beauté dont le but ultime dans la vie est de vivre au crochet d'une riche (et de préférence belle) femme en échange de faveurs sexuelles les plus fréquentes possibles.
Sur le coup, je ne savais pas trop quoi penser du film. Avais-je raison de m'enthousiasmer pour son côté cynique et assez sombre ? Ou au contraire, est-ce que la vacuité de son sujet et la platitude de ses dialogues devaient avoir raison de cet enthousiasme ?
Un peu des deux, en fait. Car la première chose qui vient à l'esprit en voyant TOY BOY, c'est à quel point il est difficile de parler de Los Angeles et de son mode de vie. Cette ville, en tant qu'usine à rêve par excellence, est intrinsèquement une usine à clichés. Ça va avec : le rêve est forcément cliché et caricatural. Dans une ville comme Los Angeles, le cliché représente donc une certaine réalité, car elle ne remplirait pas sa fonction principale sinon : fournir sa dose de fantasme au commun des mortels.
Pour un créateur, voilà donc le problème : comment montrer le cliché sans être soi-même cliché ? Comment montrer le vide sans être soi-même vide ? C'est sûrement la question que s'est posé l'écossais David McKenzie (auteur de l'excellent HALLAM FOE) en acceptant de réaliser TOY BOY ?
Malheureusement, le script qu'il utilise ne l'aide pas : pas un personnage avec un minimum de jugeote, pas un personnage capable de rattraper la stupidité et le narcissisme du minet qui donne son titre (français) au film. C'est une des raisons du demi-échec du film de David McKenzie : le personnage central est vide. Il est égocentrique et totalement stupide tout en étant évidemment persuadé du contraire, d'où un manque d'intérêt général pour tout ce qui le concernerait.
Mais c'est aussi une des limites d'une série télé comme ENTOURAGE, par exemple. Assister aux pérégrinations à L.A. de la bande de l'acteur bidon Vincent Chase a parfois (souvent) autant d'intérêt que de regarder une bande de bonobos s'éclater derrière les grilles d'un zoo : jeux vidéos, marijane (voire coke pour les plus riches), drague massive de starlettes, gros cachets pour gros nanars, pas de quoi faire frétiller les neurones. C'est d'ailleurs l'argument n°1 des (assez nombreux) détracteurs de la série.
Mais il y a l'humour, certes premier degré, mais terriblement efficace. Il suffit de se plonger quelques minutes dans les répliques du stupéfiant Ari Gold (incroyable Jeremy Piven) pour se laisser convaincre que le néant de la vie hollywoodienne peut vraiment vous faire bander le cerveau.
D'ailleurs, dans un registre plus "second degré" beaucoup plus discret, le merveilleux monde de la télévision américaine a inventé, il y a quelques années, une technique narrative désormais parfaitement huilée qui permet de transformer les pitchs les plus vides de sens en machine de guerre pour branchés en manque de programmes populaires que même ma petite cousine du Périgord regarde.
Cette technique, qui n'a pas de nom (je crois), consiste à plonger dans une pure et dure intrigue de soap un personnage moins con que la masse et à tendance cynique. Voyez par exemple NEWPORT BEACH ou GOSSIP GIRL : prenez des gosses de riche un peu bas du front qui n'aiment rien d'autre que se faire des coup de crasse et coucher utile (ou non) et confrontez-les au regard sarcastique et tout à fait lucide d'un Seth Cohen ou d'une blogueuse mystérieuse, vous obtiendrez le moyen idéal pour faire passer la vide intersidéral des cerveaux des uns pour un stimulant intellectuel des plus savoureux pour les autres.