Mais ce n'est pas tout : non seulement le RSTA est une arnaque, mais en plus, les Réunionnais ne sont pas près d'en voir la couleur. Entérinée en mai dernier, et censée entrer en application en juillet 2009, avec effet rétroactif, l'allocation a pour l'heure tout de l'Arlésienne. Matthieu, chauffeur-livreur Panonnais, père de quatre enfants, avait bien besoin de ce complément de revenus. Il a rempli le formulaire de demande du RSTA, et, las d'attendre une réponse, s'est connecté au site officiel du gouvernement. Ne voyant rien sur les dates des versements, il a appelé le numéro indiqué sur le site (0800 825 825). Au bout du fil, une fonctionnaire désolée lui a répondu que c'était "tellement la pagaille" qu'on était absolument incapable "de donner une date de versement". "On doit traiter des milliers de dossiers. Ce sera peut-être en août, ou en septembre", a poursuivi la dame, compatissante. Bref, à Pâques, ou à la Trinité... Entre-temps, quelques jours après la parution de notre article, la préfecture organisait une conférence de presse, reprise dans les quotidiens locaux, pour dire que tout allait bien, et que les problèmes venaient des allocataires eux-mêmes, qui n'avaient pas bien rempli les fiches de demandes. Les imbéciles... Confirmation de plusieurs internauites au Pirate (voir commentaires). Après vérification, parce qu'on est quand même des forbans responsables, il s'avère que si quelques demandeurs ont bien reçu leur RSTA, en ce début août, la plupart n'ont toujours rien vu venir. Même après avoir très bien rempli leur demande. Après un autre coup de fil au numéro officiel, on sait désormais que la date probable de remise de la manne promise est le 10 août. "Si vous n'avez toujours rien reçu le 10 août, contactez-nous", a répondu une madame préposée à l'accueil des demandeurs.
Matthieu comptait sur ces 300 euros. Il aurait mieux fait d'être chauffeur-livreur du côté de Bobigny ou de Troyes. Son RSA lui aurait été versé en temps et en heure, et il aurait touché trois fois plus d'argent de la part de l'Etat. Où l'on voit que mathématiquement, un domien vaut un tiers de métropolitain, et qu'il a bien le temps d'attendre... C'est bien connu, dans les îles, on se nourrit de bananes, d'eau fraîche, et d'amour. Et puis on est tellement gentils...
François GILLET