Myrielle Marc : "Natalène" (Orfenor, 1)

Par Schlabaya

Le mot de l'éditeur : "Le jour où sa mère l'a abandonné dans la vaste maison de Blajan, Tristan s'est mis au piano et a joué six heures d'affilée. Il n'a plus jamais cessé. Tristan grandit avec sa musique à Blajan, sous l'aile de son grand-père, inflexible et extravagant chef de clan, avec ses cinq cousins, nichée turbulente semée là par la génération précédente. Parmi eux il y a Natalène. Elle a l'âme farouche et les yeux jaunes, elle est brune de peau et légère comme un oiseau. La même liberté, la même brûlure coulent dans leurs veines. Peu à peu la force qui les unit va devenir la plus secrète des histoires d'amour. Mais Natalène a un père bohémien qui chaque année l'arrache à Blajan et à Tristan sans jamais dire quand il la leur rendra. Et chaque automne la ramène à l'improviste, obstinément muette sur cette autre vie, couverte de bleus, sale et provocante, chaque fois différente de celle qui était partie, donnant à leur amour des couleurs sombres, mystérieuses et ensorcelantes."

Blajan est le nom du domaine où vit une étrange famille, rassemblée autour du patriarche, Contorose. Les autres adultes présents sont trois femmes effacées et plutôt niaises : Lise et Blanche, les soeurs de Contorose, et Marie, la belle-fille de Blanche. Six enfants y sont élevés ensemble. Il y a d'abord Xavier, Chantal, Philippe et Marion, qui sont les enfants d'Alban (neveu de Contorose et fils de Blanche, qui a quitté Blajan en grand secret) et de son épouse délaissée, Marie. Leurs cousins Tristan et Natalène sont nés de deux soeurs jumelles, les filles de Contorose. L'une d'elle, Anne, qui a épousé un manouche, est morte de bonne heure, tandis que sa soeur, Agnès, veuve, s'est enfuie de Blajan dans des circonstances mystérieuses. Tristan et Natalène, peu désireux de s'attirer les foudres de leur grand-père, s'aiment en secret. Ce qui ne les empêche pas, en toute innocence, de nouer d'autres idylles : Tristan avec sa cousine Chantal, et avec Sophie, l'amie de cette dernière; Natalène, quant à elle, flirte avec Philippe, et doit subir également les outrages de Vanik, un jeune homme avec lequel son père l'a mariée à la mode manouche. C'est que, chaque année, Natalène est arrachée à Blajan et passe quelques semaines, quelques mois, sur les routes ou dans les campements, durant la belle saison. Son père, qu'on surnomme le Copte, et un dur à cuire; et, quels que soient les traitements qu'il inflige à sa fille, quelle que soit la vie chaotique qu'il lui impose, Contorose ne se sent pas de taille à s'opposer à lui. Quant à Natalène, elle se sent partagée entre deux clans, deux modes de vie, et ce déchirement met en péril la relation si forte qui l'unit à Tristan.

J'ai trouvé ce roman original, intrigant et bien écrit. Les relations humaines sont dépeintes avec une certaine naïveté, dans le bon sens du terme. Les amours entre cousins, le libertinage, sont liés à l'innocence des personnages. La sexualité est vécue par les jeunes comme quelque chose de naturel, en dépit des interdits promulgués par les adultes (exception faite des pratiques sado-masochistes auxquelles Philippe va s'adonner en compagnie de deux autres protagonistes, révélatrices d'un profond malaise). Certains lecteurs ont vraiment été choqués par la vie sentimentale hors normes des personnages, cela ne m'a pas gênée pour ma part. Je suis impatiente de lire le second volume !

Myrielle Marc est également l'auteur des Portes de Louviers.

Elle possède un site et anime un forum avec deux autres auteurs.

Autres avis : Majanissa Florinette Cuné