Le cézallier

Publié le 22 juillet 2009 par Gérard Charbonnel @gcharbonnel

Grand plateau d'altitude, terre d'infinis

Entre massif du Sancy et monts du Cantal, le Cézallier étend ces longues ondulations monotones entre 1.000 et 1.550 mètres d'altitude. La limite entre les Monts Dore et le Cézallier est marquée par la vallée de la haute Couze Pavin et le col de Clamouze. De fait, le lac Pavin et le puy de Montchal qui le dominent, se trouvent déjà en terres de Cézallier. L'impression de monotonie qui règne sur ce territoire est accentué par le modèle glaciaire du plateau, sorte de field norvégien, auquel on doit les nombreux petits creux où se logent des lacs tels ceux de Chambedaze, de Bourdouze, des Bordes ou la tourbière du lac d'En Bas de La Godivelle, qui n'ont rien à voir avec leurs voisins volcaniques que sont les lacs Chauvet, Montcineyre, Pavin et le lac d'En Haut de La Godivelle. Le vert pâle de la nardaie et le vert bleuté des narcisses règnent en ce Cézallier où le reboisement est parvenu jusqu'à son plus haut sommet, le signal du Luguet, à 1551 mètres.

L'ensemble du Cézallier est une succession de coulées dont quelques unes se prolongent en des langues de plateau qui dominent et cloisonnent le bassin limagnais du Lembron. Sous les laves, ont été comblés des cratères d'explosion par des brèches de remplissage. Les coulées ont de huit à trois millions d'années, âge assez ancien pour que les cônes de scories d'où elles s'épanchaient aient été enlevés par l'érosion. Les vallées ont eu le temps de s'encaisser profondément, du moins sur le versant Est qui confine à la Limagne d'Issoire et au Lembron.

L'une des originalités du Cézallier est d'avoir connu des phases éruptives récentes qui ont superposé de petits volcans aux vieilles coulées tabulaires et ont apporté un aspect pittoresque supplémentaire à cette petite région. Sur le plateau, le volcan du lac d'En Haut de La Godivelle, cratère ouvert dans les scories et comblé par les eaux est une destination incontournable pour ressentir l'âme du Cézallier, terre d'infinis. Plus au nord, une autre facette de cette terre est à découvrir : le vieux Cézallier, rajeuni par les éruptions contemporaines du massif du Sancy, qui trouve ici, dans la belle auge glaciaire en amont de Valbeleix, ses phares les plus méridionaux.

Il règne un charme étrange en ces vastes pâturages, piquetés d'anciens burons et de rares villages aux granges et aux étables immenses, aux fontaines aménagées en vastes abreuvoirs. L'été, des milliers de bêtes à cornes investissent le paysage à la saison de l'estive et demeurent, sans gardien, dans ce vaste paysage de montagnes clôturées et de longues étendues herbeuses. En dépit de ses faibles ressources d'hébergement, le Cézallier opère une certaine attirance pour les amateurs de grands horizons, de solitude et d'air pur. Les adeptes de sports d'hiver trouvent ici, matière à s'adonner à la pratique du ski de fond en un relief volcanique qui s'y prête fort bien.

Si l'origine étymologique de son nom reste un vrai mystère ( Cézallier s'écrit aussi Cézalier ), ce qui est certain, c'est que cette terre ne laisse pas insensible le randonneur ou le visiteur qui le traverse, tant ce pays renvoi à l'immensité, à la sensation d'espace... à l'indicible sentiment d'infini.