Le danger d’aller voir l’adaptation cinématographique d’un livre que vous avez super bien aimé, voire adoré/trop kiffé/lu vingt fois en cinq ans avant d’aller vous coucher, c’est :
- de vous dire “c’est quoi ce film de merde”, parce que vous connaissez trop bien le bouquin pour qu’on vous arnaque comme un amateur
- de détester le scénariste ou le réalisateur pour massacre volontaire de l’oeuvre (et de le boycotter par la suite tellement vous lui en voulez)
- de relever durant tout le film toutes les erreurs, incohérences, omissions
- de trouver les acteurs fades/mauvais/mal choisis/ à mille lieux de ceux que vous aviez imaginé mille fois dans votre tête
- d’attendre en vain tout le long LA scène (qui n’arrive pas)
- d’être soulagé parce que le film n’est pas si mal (et une adaptation pas si mal, c’est RARE)
- d’être trop content de mater un film à la hauteur du chef d’oeuvre (attention ceci n’est que peu fréquent)
S’il faut catégoriser The Reader, adaptation du livre dont je vous parlais quelques posts plus loin (Le Liseur de Bernhard Schlink), je dirais qu’il se situe dans l’avant dernière catégorie. Un film pas trop mal pour une oeuvre qui cinématographiquement parlant aurait pu très rapidement devenir chiante et dégoulinante de pathos. Dans une certaine mesure, Stephen Daldry (qui a déjà commis Billy Elliot mais surtout le magnifique The Hours) reste fidèle au roman. J”avais moi-même beaucoup aimé ce livre, pleuré dessus, me suis émerveillée devant l’écriture de Schlink, m’étais attachée aux personnages. Le film bénéficie d’un casting de qualité : Kate Winslet a décroché l’Oscar de la meilleure actrice grâce à ce rôle (remarquable vers la fin), Ralph Fiennes a toujours cette classe indescriptible, et surtout David Kross que je regrette de ne pas voir mis plus en avant dans les affiches promo parce que le gamin porte l’intrigue sur ses épaules une bonne partie du film tout de même.
Même si ça dure deux heures, même si on en connait le dénouement, on se laisse prendre au jeu.
C’est un très beau film qui souffre uniquement de quelques défauts que ceux qui n’auront pas lu le livre ne relèveront même pas.
Toute la partie qui se déroule au tribunal est un peu trop légère à mon goût, il manque également une scène très importante qui se situe durant leur voyage à bicyclette et qui aide à la compréhension, le personnage de Michael adulte aurait du être davantage approfondi, on voit moins l’évolution d’Hannah (dans sa relation avec le kid) dans le film que dans le bouquin… mais tout cela c’est du détail et ne vous empêchera pas d’apprécier ce film.
C’est sûr certains sortiront les mouchoirs, d’autres resteront juste là à contempler ce drame amoureux qui ne laissera personne indifférent, ni indemne.