Pas «glamour» la gestion municipale? Le développement urbain gagne du panache lorsque les villes s’engagent dans le tournant vert. Le salon Americana, qui avait lieu à Montréal en mars dernier, présentait une sélection des technologies et stratégies proposées pour relever les défis environnementaux du 21e siècle.
Rues vertes, maisons écolos
Au rythme où s’empilent les déchets, le recyclage du papier, du plastique et du métal ne suffit plus à désengorger les dépotoirs des grands centres urbains. La ville de San Francisco a mis en place une audacieuse stratégie en vue d’éliminer complètement les déchets. Avec une collecte sélective qui inclut les matières compostables, San Francisco dirige déjà plus de 70 % des rebuts hors du dépotoir. D’ici 2020, toutes les matières résiduelles devront être revalorisées. La politique «Zero Waste» s’attaque à la source du problème en incitant les manufacturiers à produire des biens et des emballages aisément recyclables ou biodégradables.
D’autres régions choisissent de concentrer leurs initiatives de développement durable dans le secteur de la construction. C’est le cas du petit état du Vorarlberg, dans l’ouest de l’Autriche, dont la politique de construction écologique requiert un niveau élevé de performance énergétique pour toutes les constructions neuves et les projets de rénovation majeure. La certification optionnelle EcoPass requiert l’ajout d’éléments écologiques supplémentaires, comme du bois d’origine locale et des produits sans additifs toxiques. Comme il est assorti de généreux incitatifs financiers, plus de 80 % des nouvelles constructions du Vorarlberg adhèrent au standard EcoPass.
C’est au chapitre du transport urbain que s’illustre particulièrement Portland, en Oregon. La municipalité a décidé dès les années 1970 de cesser d’empiéter sur les terres agricoles environnantes. Elle poursuit depuis un développement urbain plus dense pour optimiser l’usage de transports collectifs comme les trains légers et les tramways, ainsi que la marche et le vélo. Portland prévoit aujourd’hui la construction d’un nouveau pont qui accommodera les transports alternatifs, mais dont le design inclut aussi des éoliennes qui produiront de l’électricité propre.
Plus près de nous, un boom démographique a incité la région de Durham en Ontario à mener une expérience visant à réduire la demande des ménages en eau potable. En comparant la consommation d’eau de familles équipées de toilettes et d’électroménagers à faible débit avec celle d’un groupe contrôle, l’équipe du programme Water Efficient Durham a observé une réduction de la demande d’eau de plus de 20%. On envisage de rehausser les normes pour les quelque 4800 maisons construites annuellement. Ainsi, 1000 habitations supplémentaires pourraient être alimentées chaque année avec le même volume d’eau potable, une économie d’environ 2,9 millions$ pour la région de Durham.
Fribourg, ville phare de l’urbanisme durable
Si de telles initiatives semblent modestes lorsqu’on les considère de manière isolée, certaines villes sont aujourd’hui devenues de véritables vitrines pour l’urbanisme écolo en choisissant d’intégrer plusieurs stratégies à la fois au sein de nouveaux lotissements. Dans le quartier Vauban de Fribourg, en Allemagne, la municipalité a choisi de promouvoir la densité résidentielle et l’efficacité énergétique. Entre les anciennes casernes militaires rénovées en logements ont poussé d’autres immeubles verts, coiffés de jardins et de panneaux solaires.
Dans l’artère centrale de Vauban, tous les rez-de-chaussée sont réservés aux usages non résidentiels. Cela assure la proximité des services et une mesure de sécurité puisque la rue est constamment animée. Enfin, les résidents qui possèdent une voiture peuvent aller déposer l’épicerie, mais ils doivent retourner se garer dans un stationnement collectif aux portes du quartier. Dans les rues où piétons et cyclistes ont repris leurs droits, les enfants qui jouent au ballon sont redevenus rois.