Amazon, géant de la vente de biens culturels en général et de livres en particulier vient de commettre une bourde monumentale. Vous connaissez sans doute le principe des livres numérisés achetables en ligne et consultables sur Kinble (livres électroniques), un principe plein d’avenir destiné à supplanter les livres sur le long terme. Cela paraissait être une alternative écolo, peu encombrante et sympa… Je dis bien paraissait.
Amazon a vendu ainsi des milliers de livres numérisés aux USA et un peu partout dans le monde, des milliers de Kindle remplis d’œuvres littéraires et autre documents aussi divers que variés fleurissaient dans les foyers. Mais il y a quelques jours le site a soudainement effacé un nombre conséquent d’œuvres sur les lecteurs numériques des acheteurs ! Une société tierce, MobileReference, aurait posté les œuvres sans autorisation des ayants-droits sur la plateforme de téléchargement d’Amazon. Problème de droits d’auteur oblige, Amazon a décidé d’agirde manière très pragmatique à la question : supprimer les livres concernés des serveurs privant ainsi les acheteurs de leur bien acheté « légalement » via le site. Les acheteurs ont été remboursés bien entendu, mais là n’est pas tellement le point le plus important…
Parmi les livres supprimés on peut nommer la série Twilight de Stephenie Meyer, Harry Potter de J.K. Rowling et surtout deux livres de l’auteur anglais George Orwell : 1984 et la Ferme des animaux… Parce que oui, l’histoire racontée par ces deux livres et ce qui vient de leur arriver sur Amazon peuvent être mis en parallèle. Dans 1984, le monde vie en totale dictature, les faits et gestes des hommes sont surveillés, leurs esprits éduqués, leurs âmes annihilés. La censure gouvernementale efface toutes traces d’articles gênants pour le régime en les expédiant dans des fentes murales menant à des fournaises, appelées « trou de mémoire« . Les articles et livres contredisant les faits et dires de Big Brother sont quant à eux soit détruits ou modifiés. Le rapprochement avec l’épisode des Kindle est assez évident à faire, aujourd’hui le savoir et la connaissance sont de plus en plus digitalisées d’une part et leur diffusion est de plus en plus limitée à cause du droit d’auteur et du droit à le propriété intellectuelle. A digitaliser les œuvres on perd l’assurance de vraiment posséder cette œuvre et surtout de partager celle ci sans contrainte (prêter un livre n’est pas du piratage ?), une bibliothèque numérique peut à n’importe quel moment disparaître, à l’heure où Hadopi fait sur retour à l’assemblée nationale, inutile pour moi de développer. Les droits d’auteurs et leur abus mettent en place une véritable tyrannie du savoir où ce dernier peut être interdit à certains à cause de son statut de diffusion. Un monde où la Culture et la connaissance pourront être totalement soumises aux éditeurs et auteurs, un monde où pourtant tous les outils sont réunis pour diffuser et partager la Culture et le Savoir au monde entier…
Pour finir je vous laisse un commentaire d’un (ex ?) utilisateur d’Amazon :
« La chose la plus terrifiante est qu’Amazon a la possibilité d’effacer ma propriété privée – un livre que je pensais avoir acheté, pas une licence – sur un lecteur que je pensais posséder, et pas louer. Il semble que la seule chose que nous pouvons faire pour prévenir de tels comportements orwelliens est d’acheter un livre papier. Au moins, un mandat de perquisition serait requis. »
Jerry L. Roger
Autant se dire les livres physiques (format papier) on encore un bel avenir avenir devant eux, aucun risque se faire choper pour partage de livres, aucun risque de le voir supprimer par l’éditeur (à moins qu’on vienne chez vous le brûler…).
Crédit Photo : CC BY bennylin0724