Mardi 21 juillet 2009. Bar du Plaza Athénée, 25 Avenue Montaigne 75008 Paris
Ce soir, j'ai pas l'moral. Dur à avaler. Aigre. Carrément rêche. Est-ce que c'est ce vin ou est-ce que c'est moi que je ne digère pas? Je me suis installée où vous n'oserez pas: au bar du Plaza Athénée.
Mais non?! Mais si!! Je sais : c'est hors de prix, ça va me coûter une robe... Ou 2 vu le prix des robes en soldes en c'moment au marché Saint-Eustache là où je fais mes emplettes. Mais, facétie de fille probablement : envie de choses qui brillent, de chic et pas de toc.
En tous cas je me suis faite belle pour l'occasion de ce rendez-vous avec vous. J'ai mis ma robe oranger-pourpre-pêche-abricot (je-n'sais-pas-choisir), celle avec le liseret noir. C'est très sexy, c'est décolleté et pathétique de me faire aussi belle avec des boucles et du rimmel tout ça juste pour moi.
Bon, en gros : je veux un HOMME!!!! ...
Les célibataires sont supers chers en c'moment. Est-ce que l'une d'entre vous solderait un mec usagé mais pas trop abîmé? Du genre qui a déjà passé l'rodage par exemple? En location seulement hein: je n'saurais pas prendre trop de risques en période de crise; M’encombrer d'un article qui n'a peut-être pas toutes les options… Du reste quand bien même il aurait toutes les options, j'en n'aurai pas tous les usages.
L'endroit est un peu comme moi, qui hésite entre le célibat et ses aventures dont aucune ne dure - et UNE histoire forte, mais avec un homme pour qui je prendrais le risque d'avoir confiance. Et bien ce bar a décidé de faire les deux: d'un côté le chic historique mais pas très groove, d'une élégance qui ne peut que plaire et ne changera jamais (musique douce, lumière à l'avenant, fauteuils moelleux ronflants, moquette étouffe-bruit). De l'autre, l'univers moderne d'un bar tout de lumière, ambiance Murano où les célibataires pas sérieux viennent voir et être vus.
Au Plaza, on a le choix: Déguster un verre d'excellent vin, pourquoi pas un Chevrey-Chambertin? Ou avaler l'un de leurs cocktails à vous mettre la tête à l'envers en un demi-verre.
Au Plaza, on a le choix : Se faire inviter (comme moi, vous voilà rassurés) par un ami un peu plus âgé, beaucoup plus riche, séduisant car plein d'assurance (entendez "à la fortune assurée"). Ou se faire draguer par des jeunes (ou plus si jeunes) loups à l'appétit jamais rassasié.
Au Plaza, on a le choix : Le fauteuil de salon ou le tabouret de bar? Si les cocktails du bar côté Murano sont sûrement renversants, mon vin, lui, est puissant. J'en voudrais bien un comme ça chez moi finalement. Dense, intense, tant dans sa couleur que sa teneur. Ce vin m'étonne, ça ne me fait pas tourner la tête. Il me charme et me ravit sans pour autant me défaire vraiment de mes esprits.
En plus il y a vue sur le patio, avec des sculptures dont personne ici ne sait l'artiste. Je suis en voyage et tout me ravi(ve) les sens. De l'autre côté, c'est bruyant, mais chatoyant, ça flirte, ça balance, ça bouge et ça grise.
En fait, mon problème, c'est les options.
Je veux dire que pour moi, les hommes, c'est comme la technologie : je ne sais pas bien m'en servir. Il faut les potentialiser, les hommes. Or: trop d'options, trop compliqué à l'usage, je m'y perds, je fais mal les branchements et alors, assez vite, ça bug.
Je n'ose pas vraiment me livrer, je préfère les écouter. Mais après on s'ennuie et un jour quand ils ne s'y attendent pas (au bout de 2 semaines) j'explose d'un "mais tu
n't'intéresses pas à ma vie!!!" et là c'est l'drame...
Quoi? On lui aurait menti? Je n'étais pas la jolie blonde sans intérêt mais tellement
reposante qu'on lui avait vendue?!
Autrement, s'il fallait que je me raconte, que je dise qui je suis, mes traces, mes soucis… Et puis qu'est-ce que je pourrais bien faire d'un homme? Comment ça s'utilise, y'a-t-il un guide de l'usagère dépassée?
Oui, c'est comme avec mon mac finalement : les mâles je n'ai certainement pas tous les câbles pour les brancher correctement...
Bref! Mon ami, qui est attendu ailleurs, dans un endroit tout aussi cher et branché de la Capitale, s'est absenté avec son téléphone. Aussitôt : on m'offre un verre de leur nouveau cocktail champagne-framboise. Ce n'est pas un kir (je n'aime vraiment, mais alors vraiment pas du tout le kir, beurk). Non, ce délicieux cocktail est à base de vodka, de champagne et d'une liqueur très légère de framboise. Mmm... J'adore!
Charmant ce jeune (ouais, plus si jeune) homme qui m'offre ainsi un verre.
Non, non, non, non, non : si je devais draguer ou me faire draguer ce soir, ce serait par un homme riche et de plus de 35 voire 40 ans.
Comme mon ami (homosexuel, vous avez cru que la vie est belle?!) : Un architecte bien installé, un amateur d'art, un écrivain de renom ou quelque chose qui soit assorti à ma robe et à mon verre de Gevrey-chambertin.
Bon: il faut que je vois un peu la chose autrement. Les hommes ne sont en fait ni plus (mais) ni moins que des outils. Des outils à pas tout faire mais des outils à faire beaucoup pour nous. Moi, il me faut un connaisseur. Un homme qui ait des choses à m'apprendre et des endroits où m'emmener. Bon, s'il est assez riche pour me payer des bons verres de Gevrey-chambertin (ça va devenir mon vin ritournelle) c'est bien. Mais j'aime aussi les idéalistes sans l'sou, les aventuriers voyageurs qui vous transmettent leur vision (humaniste) de la vie et prônent la sérénité.
Finalement ça y est! J'ai assez voyagé en première, je rejoins au bar en face les deux mecs au verre offert. Mon ami ne s'offusque pas : quoi vous! Je suis ici en reportage! Oh zut j'aurais dû me mettre autre chose de plus facile à porter: et si j'ai envie de danser? Oula! Ça tangue un peu quand même... Peut-être qu'il n'était pas si planplan mon vin d'antan?
Peu m'importe ce soir : j'ai bien l'temps de me poser dans un canapé ronflant et rassurant, alors pourquoi ne pas essayer un tabouret et deux ou trois cocktails en attendant?
La Déese Deborah est plus en forme que jamais dans sa chronique de la semaine placée sous le signe des dieux de l'Olympe... Aurait-elle rencontré son Appolon?!!