15 jours après la baisse effective de la TVA, 88% des établissements souhaitant suivre les consignes présidentielles ont déjà mis la main à la pâte ! Les conséquences de cet évènement majeur commencent donc à se profiler sérieusement. Quel est le poids de la baisse des prix, tant attendue par le consommateur, au sein des divers engagements pris par les restaurateurs ? 40 000 emplois sur deux ans, fiction ou réalité ? Comment les exploitants se positionnent ils face à cette opportunité ? La contrepartie est elle possible alors que cette action est censé redresser le marché et augmenter avant tout la qualité de vie des acteurs de la restauration ?
Sondage réalisé par CHD Expert entre le 10 et le 13 juillet 2009 auprès de notre communauté on-line – échantillon de 650 Hôtels-restaurants & Restaurants à table, représentatifs du marché.
Les restaurateurs jouent-ils le jeu ?
C’est la question qui prédomine depuis le premier Juillet 2009, et le regard du consommateur commence à peser lourd sur les toques des restaurateurs Français. 77% des exploitants déclarent aujourd’hui avoir commencé à agir concrètement. 10% sont encore indécis et seulement 13% comptent ne rien changer face à la baisse de la TVA. Selon Nicolas NOUCHI, directeur de CHD Expert France, « c’est une participation tout compte fait assez enthousiasmante de la part des CHR, d’autant plus que 16% disent ne pas avoir été informés par le gouvernement des différentes mesures à prendre ». Un chiffre lesté par les 28% de restaurateurs s’avouant déçus par les directives ministérielles.
Prix, Emplois, Investissement… Le nouveau Triptyque des CHR !
Une bonne coopération dans l’ensemble, donc. Mais pour le portefeuille du consommateur, ce dernier à tout intérêt à aimer le café ! En effet, 69% des restaurants ont décidé d’appliquer une baisse des prix. Donnée encourageante, cependant la plupart se focalisent sur les cafés ou boissons chaudes (61% des CHR) et laissent de coté les plats. Pour ces derniers, les prix s’allègent majoritairement au niveau des formules et menus (Dans 47% des établissements) mais le sacrifice se fait plus difficile pour les plats très demandés comme les plats du jour (35% de la restauration à table).
La baisse des prix reste néanmoins la mesure la plus appliquée par les restaurateurs : rapide à mettre en place, elle fait acte de bonne foi et de publicité. Car au jeu de la TVA, « on n’aime pas les mauvais gagnants ! » Ainsi, de nombreux restaurateurs se disant dans l’incapacité de baisser leur prix (souvent les moins chanceux) sont stigmatisés par une clientèle déçue.
Plus longues à mettre en place, « les actions sur de meilleures rémunérations, de nouveaux emplois ou une modernisation de l’établissement s’organisent doucement » précise Nicolas NOUCHI. Plus de la moitié des restaurateurs souhaitent s’atteler à des travaux de rénovation mais 45% d’entre eux seulement ont engagé la démarche. Il en va de même pour l’augmentation des salaires du personnel, visée par 53% des CHR et appliqué par seulement la moitié d’entre eux.
Le contrat d’avenir sauvera-t-il le présent ?
Au-delà d’un simple souffle économique, la baisse de la TVA est aussi un outil marketing et une chance pour le restaurateur de communiquer sur son offre, au départ d’un mois de juillet qui s’annonçait catastrophique.
Ainsi, 63% des établissements qui ont effectué une baisse des prix le mettent en valeur auprès du client. Parmi eux, 64% ont noté la baisse des prix dans leur menu, 60% ont choisi de renouveler leur carte et 58% d’afficher la vitrophanie officielle. Cela semble fonctionner pour certains : 34% des exploitants ayant effectué une baisse des prix et communiquant dessus déclarent déjà identifier un effet positif sur leur clientèle (46% pour les brasseries et seulement 28 pour les Hôtels avec restaurant). Nivellement européen ou sauvetage fiscal du secteur de la restauration, la baisse de la TVA reste une bouffée d’air frais salutaire pour les différents acteurs de la restauration. Les contestations restent marginales et les exploitants se disent globalement soulagés de cette nouvelle mesure attendue depuis plus de 10 ans.
Mais la seule baisse de la TVA sera-t-elle suffisante pour redresser un secteur gangrené par la crise économique ? 40% des restaurateurs restent sceptiques et reprochent à l’Etat la suppression des aides à l’emploi (Aides à l’emploi forfaitaire des HCR, dispositif d’aide à l’emploi des travailleurs occasionnels, etc.) qui pénalise les petites structures.
Car pour ces dernières face à une conjoncture difficile où « un dîner presque parfait » ne se fait plus au restaurant, la baisse de la TVA et la suppression des aides aboutis souvent à un statut quo qui ne leur permet à peine de subsister, et certainement pas de baisser leur prix.