Le manuscrit inédit et inachevé de Graham Greene qui sera prochainement révélé atteste déjà d'une maturité d'écriture, autant que d'une maîtrise de l'art, et pourtant, l'auteur avait 22 ans. L'éternel cas d'école que représente Rimbaud permettra toujours de contrebalancer l'histoire, mais pourtant, la question est toujours d'actualité : que faire des jeunes auteurs ?
Comment classer autrement ces textes que dans la catégorie jeunesse, alors ? Et quel adulte sera vraiment la cible de tels ouvrages ? Les turpitudes de l'enfance et les centres d'intérêt peuvent varier, mais quelle consistance littéraire réelle trouvera-t-on dans les écrits d'un enfant ? Attendu que nombre d'adultes devraient déjà tourner sept fois leur doigt sur leur clavier (et appuyer finalement sur la touche Suppr !) avant d'entamer leur premier chapitre, on ne peut pas arguer de l'innocence ni de la naïveté en permanence pour justifier d'une publication précoce.
L'exemple de Libby Rees, dont nous avions parlé l'an dernier était flagrant : cette fillette de 12 ans écrivant un livre destiné à rassurer les enfants dont les parents divorcent avait tout du montage marketing et ses recommandations s'apparentaient à quelque chose d'écrit... par un psychologue.
L'an passé, pour le Salon du livre de Paris, un autre cas s'était présenté, avec un texte racontant les vacances de ce petit garçon... Un livre qui n'avait rien de sensationnel, ni même d'intéressant. La littérature n'a aujourd'hui plus de limites, les textes qui paraissent se ramassent ensuite à la pelle à direction de la benne à recyclage, puis du sinistre martèlement du pilon.
Encourager les vocations, oui, tout publier sous prétexte de jeunisme galopant...